1 février 2018 par carmenrob
Après une incartade vers d'autres lectures ( et quelques Louise Penny), je reviens à mon cadeau de Noël avec ce très touchant récit (roman?) d'une jeune auteure récipiendaire du Goncourt du premier roman. Marx et la poupée, c'est d'abord et avant tout une histoire d'exil vécu différemment par chacun des membres de la famille dans le regard de la fille.
La narratrice, Myriam, porte me même nom que l'auteure et pour cause, puisqu'il s'agit de ses souvenirs, de son cheminement et de ses rêveries. Dans un aller-retour constant entre le présent et le passé, nous suivons les traces de la jeune Iranienne, fille de parents communistes et activistes dans un pays écrasé sous les lois obscurantistes de l'ayatollah Khomeini et des Gardiens de la révolution. Elle a 6 ans lorsque sa mère fuit le l'Iran pour rejoindre son mari déjà exilé en France. C'est le grand déracinement. Il lui faudra de très nombreuses années pour concilier la Française qu'elle est devenue et l'Iranienne qui sommeille en elle. De crises en adaptation, de révolte en acceptation, la plume limpide et poétique de Myriam Madjini nous berce, nous émeut. La mère regarde pendant des heures par la fenêtre, assise sur une chaise. Elle écrit des lettres face à cette fenêtre. [...] Elle scrute l'horizon, elle y voit danser des lettres emportées par le vent entre ici et là-bas. Des lettres qui partent, des lettres qui arrivent, des lettres qui attendent, des lettres qui répondent, des lettres qui pleurent, des lettres qui se souviennent, des lettres qui gardent la mémoire d'un lieu de peur qu'il ne disparaisse, des lettres suspendues comme une longue guirlande de mots allant de la mansarde parisienne aux toits des maisons de Téhéran.Myriam Madjini, Marx et la poupée, Le nouvel Attila, 2017, 202 pages