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Non rien n’a changé

Publié le 06 février 2018 par Chroom

Le marché vient de perdre presque 10% en un peu plus d'une semaine. Si vous allez à votre marché local pour acheter des  légumes et que d’une semaine à l’autre votre vendeur habituel vous dit: « Au fait, je me suis planté la semaine dernière dans mon prix pour la salade. Désormais je vous la fais à 2.- au lieu de 2.20 ». Là, vous vous diriez que c’est sympa de payer moins cher, mais que ce marchand n’a aucune idée de ce qu’il fait.  Surtout vous penseriez que vous vous êtes fait entuber pendant pas mal de temps. Dans tous les cas, on est loin de l’image d’un vendeur rationnel et efficient. Pourtant  c’est  ce que certains pensent des marchés financiers.

Comment justifier que d’une semaine à l’autre les entreprises des pays développés perdent 10% de leur valeur ? On peut essayer de l'expliquer par le fait que les taux longs US sont montés, ce qui rend plus intéressant les placements en obligations à longue échéance. Les investisseurs agissent par comparaison en essayant en permanence d’ajuster la rentabilité et le risque. Comme les taux obligataires étaient jusqu’ici insignifiants, ils n’avaient d’autre choix que de se rabattre sur les actions, les faisant grimper au firmament. Mais dès que les obligations longues commencent à rapporter un peu plus, il y a un arbitrage qui se dessine entre celles-ci et les actions, et donc ces dernières commencent à perdre de leur valeur. Pourtant le différentiel de taux n'était pas vraiment énorme...

En raisonnant ainsi on se donne l’illusion qu’on est encore dans le domaine du rationnel. Mais c’est pourtant totalement absurde. On n’achète pas un bien plus cher que de raison parce que l’autre bien est également trop cher. Si la salade et les tomates de votre maraîcher sont hors de prix, soit vous changez de marchand, soit vous achetez des carottes, soit vous n’achetez rien et finissez votre stock de patates qui est à la cave.

L'autre explication est encore plus débile. Le marché a baissé parce que l'économie va bien. Les salaires augmentent et donc on anticipe une hausse des taux. En fait, pour Monsieur la Marché soit disant rationnel, les entreprises devraient perdre de l'argent pour que les salaires ne bougent pas et pour que la banque centrale injecte des liquidités. A ce moment-là, autant que la Fed imprime des billets verts et qu'elle les donne directement aux traders. Pas besoin d'intermédiaires!

Rien n’a changé. Les prix des actions étaient totalement déconnectés de la réalité à fin janvier 2018. La baisse de 10% est absurde, le marché aurait tout autant pu encore gagner 10%, stagner, perdre 20%, voire beaucoup plus. Les cours d'aujourd'hui ne sont d'ailleurs guère plus corrects que ceux d'il y a une dizaine de jours. Les traders s’excitent beaucoup en ce moment et les seuls gagnants ce sont les intermédiaires financiers qui se sucrent en commissions. Il n’y a pas plus de raison d’acheter ou de vendre aujourd’hui qu’il y a une semaine. Les entreprises sont de gros bateaux qui ne peuvent pas changer dans un délai aussi court.

Donc laissons tout ce petit monde s'exciter et continuons à nous focaliser sur la seule chose qui compte : les bilans et les résultats.


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