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Jon Hendricks par Michele Hendricks

Publié le 07 février 2018 par Assurbanipal

Dans " Le Nouveau dictionnaire du Jazz", Michele Hendricks suit Jon Hendricks et précède . La fille suit son père dans l'ordre alphabétique, harmonique, mélodique et rythmique.

Après le décès de son père le 22 novembre 2017 à New York, Michele Hendricks qui vit, chante et enseigne en Ile de France, a bien voulu m'offrir ses souvenirs de Jon Hendricks. Qu'elle en soit remerciée ici et maintenant.

R : Il était dans son monde, dans la musique, tout le temps. Il s'occupait de lui. Musicalement, il n'y avait pas de limite. C'était un exemple. Le fait de ne pas être musicien ne le freinait pas. Il se considérait comme un musicien et les musiciens le considéraient comme tel. Il avait des oreilles d'éléphant. Il était très respecté par les musiciens. Je suis une consoeur pour les musiciens même si je ne joue pas. Mon père disait toujours " Listen " ( Ecoute). Il n'enseignait pas mais j'ai retenu cette leçon.

R : Il a surtout eu une vie clean avec ma mère les 50 dernières années car elle était très bio. Il n'aimait pas l'évolution de la musique noire américaine. Il admettait que la musique devait évoluer mais il n'aimait pas. Par exemple, quand nous vivions à Londres, au début des années 1970, nous sommes allés écouter Miles Davis sur scène. J'étais très excitée d'aller écouter Miles ! Mais c'était le Miles Davis électrique. Il n'aimait pas du tout. Il était Swing et Be Bop. Mais, même dans ce genre, il n'aimait pas la chanteuse Betty Carter. Ses changements rythmiques ne lui plaisaient pas. Il trouvait que c'était une insulte au compositeur. Il est resté dans son style toute sa vie. Moi j'aimais le heavy metal, le hard rock quand j'étais jeune. Après que j'ai écouté un disque de Rock, il me faisait toujours écouter un disque de Jazz, de Swing pour me montrer que c'était mieux.

R : Il avait des phases où il hésitait en solo et groupe choral. Il aimait les vocalises, le travail en groupe même après Lambert, Hendricks & Ross. Il appréciait ce que faisaient les musiciens et faisait de même avec des chanteurs.

Q : Pouvez vous expliquer le spectacle écrit par votre père " Evolution of the Blues " ?

R : C'était un projet pour le Monterey Jazz Festival. C'est une histoire de l'évolution du Jazz depuis l'esclavage, le Blues, le Jazz, le gospel. C'était un super spectacle. Il a tourné cinq ans à San Francisco, un an à Los Angeles. Des problèmes légaux ont empêché de jouer le spectacle à Broadway (New York). J'ai participé à ce spectacle. Le narratif était ponctué par des chants et des danses. Tout était rimé. Même pour ses critiques de Jazz dans le San Francisco Chronicle, tout était rimé. C'était un poète dans l'âme. J'aimerais retrouver ses archives.

R : Il avait des admirateurs, des disciples. Il improvisait comme un saxophone. Le jeudi 15 février 2018, à Portland, Oregon, au PDX Jazz Festival, je donnerai un concert hommage avec Kurt Elling. Il aurait dû être là mais nous chanterons pour lui tout de même. Kevin Mahogany est mort il y a quelques semaines. Al Jarreau est mort peu de temps avant. Mark Murphy lui aussi écrivait des mots sur les notes. Bobby Mc Ferrin a chanté avec le groupe Jon Hendricks and Family pendant 11 mois. J'ai beaucoup appris avec lui. Il est incroyable. C'est un de mes Maîtres. Mon père et lui se respectaient. J'ai parlé de lui à mon père. Il a écouté et apprécié. Le groupe, c'était mon père, ma mère, moi et mon frère. Mon frère a quitté le groupe 3 jours avant un concert à New York. J'ai appelé . Il est arrivé et a appris tout le répertoire du groupe en 3 jours. Quelle mémoire ! Lui seul, sur scène, avec un micro, il fait les accords, les mélodies, les percussions, le piano.

Q : Jon Hendricks a chanté les Sacred Concerts de Duke Ellington avec le Duke et son orchestre. Quel souvenir en gardait-il ?

R : C'était un des sommets de sa carrière. Il adorait les arrangements du Duke. Aujourd'hui, j'enseigne le chant Jazz et j'ai des élèves qui ne connaissent pas Duke Ellington ! Mais que veulent-ils apprendre ? Aux Etats Unis le Jazz n'est pas enseigné à l'école alors la mémoire de cette musique se perd.

En illustration de cet article, je vous propose lectrices Swing, lecteurs Bop, Jon Hendricks chantant sa version du " Watermelon Man " d' Herbie Hancock puis le meilleur groupe vocal de l'histoire du Jazz, Dave Lambert, Jon Hendricks & Annie Ross, improvisant sur " Airegin " de Sonny Rollins. Jon Hendricks chante et mime le solo de saxophone ténor. Ahurissant! Pour mes fidèles lecteurs Yoruba (j'en ai), Airegin est l'anagramme de Nigeria.


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