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Justin Timberlake « Man of the Woods » @@@

Publié le 09 février 2018 par Sagittariushh @SagittariusHH
Justin Timberlake « Man of the Woods » @@@ - Soul/R&B/Jazz/Funk

Justin Timberlake « Man of the Woods » @@@

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Alors comme ça, Justin Timberlake est arrivé à un point de vie, et de sa carrière, où il a ressenti le besoin d’entamer un retour à ses origines, c’est-à-dire blanches et pas urbaines. Qu’il en soit ainsi. Après tout, on a déjà aperçu ce garçon qui a grandi dans le Tennessee en horrible assortiment pantalon et veste en jean affublé d’un chapeau de cowboy, mais c’était il y a bien longtemps, avant le démarrage de sa carrière solo.

Début 2018, bye bye bye le r&b élégant et avant-gardiste, celui dont le nom de famille signifie ‘lac de bois’ s’affiche désormais en Man of the Woods, l’homme des forêts. Les rumeurs d’un basculement vers la musique country filait bon train sur Internet mais il s’avère finalement que ce cinquième album est plus hipster que bûcheron moderne. S’agissait de pas faire trop « républicain bouseux » sur les bords…

Entrons sur le dancefloor, un lieu que Justin maîtrise justement, avec la première piste qui n’est autre que le single pas foufou « Filthy« . L’introduction n’a absolument rien d’engageant mais très vite Timbaland et son acolyte Danjahandz retrouvent leur repères avec cet instrumental qui rappelle furieusement « FutureSex/LoveSounds« . Cependant comme le futur c’est maintenant, cet extrait n’est rien d’autre qu’un ersatz de r&b techno-avant gardiste, ou à défaut une bonus track de FS/LS qui réapparaît au grand jour. Dansant mais déjà-vu, tout comme le second morceau « Midnight Summer Jam« , dont l’ambiance est un mix entre « Don’t Hold The Wall » (tiré de The 20/20 Experience) et « Brand New » de Pharrell Williams qui en est le producteur, lui ET Chad Hugo ! Car voici l’argument principal qui nous pousse à écouter Man of the Woods : la collaboration avec The Neptunes, qui n’a plus été possible depuis 2004 (à cause de Jive). The Neptunes qui n’étaient même pas crédités en tant que producteurs sur NO_ONE EVER REALLY DIES ! Pharrell et Chad co-produisent neuf chansons ici, c’est plus que sur Justified ! Sinon c’est quand le délire country?

He ben juste après avec « Sauce« , saveur barbecue, et « Man of the Woods » sur lequel Justin Timberlake affiche fièrement ses racines en bois. Là ça sort enfin les mélodies de guitares, électriques ou non, country ou blues, mais les santiags ne sont pas obligatoires. Ce n’est plus non plus un disque très automnal, avec son parterre de feuilles mortes et les senteurs de pins, mais une musique pop bien plus soft. On retrouve ces éléments plus folk que country en réalité sur d’autres titres comme « Flanel » (tiens c’est le nom ma chienne) et « Livin’ Off The Land« , moins quand les mélodies de guitares typiquement neptuniennes apportent une note de nostalgie comme  sur « Breeze of the Ponds » et l’ensoleillé « Wave » (avec Raphael Saadiq à la basse). Cool d’entendre les Neptunes changer un peu de registre, bien que le Pharrell de GIRL reste relativement prépondérante (« Montana« , « Higher Higher« ). Les chemises à carreau OK, mais de marque Carhartt ou Volcom. Une vrai nouveauté cette percée dans la country/folk? Florian Etcheverry (@lordofnoyze) a indiqué sur mon profil Facebook que ce n’est pas tellement le cas, il y a eu un précédent : en 2016, Wanderlust du groupe country Little Big Town, justement produit par Pharrell Williams mais aussi JT et Chad Hugo… Ça date pas d’hier.

La présence d’Alicia Keys sur « Morning Light » aurait pu faire rebasculer Justin vers le r&b mais il n’en est rien, c’est un doux downtempo rural où l’on aurait mieux vu Norah Jones à la place. Autre duo, plus country cette fois, celui avec le chanteur Chris Stapleton (il est démocrate, ouf) avec « Say Something« , Timbaland est à la production. En parlant de Timbaland, je me suis posé la question de savoir pourquoi Timberlake ne l’a pas désigné à la production de l’album, Timbo avait aussi un brillant antécédent en matière de country (rap) : Deliverance de Bubba Sparxxx. Mais vu comment le super-producteur n’a pas l’air plus inspiré que ça malheureusement, c’est pas plus mal, bien que la dernière chanson « Young Man » qu’il réalise soit mignonne, surtout parce qu’elle est dédiée au fiston Timberlake.

Après avoir conquit le public r&b pendant plus d’une dizaine d’années, Justin Timberlake a choisi de faire machine arrière, ce qui pourra lui être préjudiciable et pas que sur le plan purement artistique. Cette tournure, ce n’était sans doute pas le bon moment, vu le contexte politique aux Etats-Unis. La preuve, de lointains vents de critiques sont revenus jusqu’à lui en particulier à l’annonce de son passage à la final du Superbowl, la seconde de sa carrière, et pour laquelle était prétendument prévue un duo avec Prince en hologramme… Après le fameux ‘nipplegate’ de Janet Jackson qui ne lui a pas été pardonné, cela fait deux prestations et deux polémiques houleuses sur fond de questions raciales. Timberlake avait d’ailleurs était sous le feu des critiques pour sa prise de position « all lives matter ». Libre à chacun de douter de la sincérité de l’artiste sur les choix qu’il a effectué par le passé et ceux qu’il a effectué maintenant, chacun peut faire des erreurs. Sa légitimité est tout de même remise sur la table.

Concernant Man of the Woods, bien que Justin y paraisse dans son élément et s’y épanouir, la teneur pop/country-folk assez standard de cet album pourra sembler bien fade en dépit du retour des Neptunes (dont je suis relativement heureux). Pour relativiser, c’est loin d’être aussi pourri que son single « Can’t Stop The Feeling« , ça n’a même rien strictement rien à voir. À certains égards, le chanteur n’en demeure plus qu’un artiste américain, et blanc, bien sous tout rapport comme tant d’autres, un showman professionnel et sympathique qui a perdu durant sa phase de maturité ce quelque chose qui faisait de lui quelqu’un de spécial. Et ce n’est pas ses producteurs qui pourront l’aider, Timbo a encore perdu son mojo après son retour triomphal avec The 20/20 Experience, tandis que Pharrell est infiniment moins en ébullition par rapport au nouvel album des N*E*R*D.

Bon sur ce, je vous laisse, je dois aller couper du bois.


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