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Festival Paroles Indigo : Arles, première séquence

Par Gangoueus @lareus

Festival Paroles Indigo : Arles, première séquenceComme indiqué, en raison d'une très grosse activité sur la fin de l'année, plusieurs articles n'ont pu être publiés. En particulier mes impressions sur les deux volets du festival Paroles indigo d'Arles et Grand Bassam. Il s'agit là mon regard que je vous partage sur cette démarche passionnante autour de la diffusion des oeuvres littéraires du Sud vers le Nord... Et oui, le sens de circulation des discours et oeuvres littéraires peut changer...
          J’étais au mois de novembre à Arles pour la seconde fois à l'occasion de la 7ème édition du festival Paroles Indigo. L’organisation de ce festival a renouvelé cette invitation et je dois le dire, c’est un véritableprivilège pour le blogueur que je suis. Pour plusieurs raisons que vous comprendrez. 
Tout d’abord celui de rencontrer des acteurs qui apportent des solutions aux handicaps de la chaine du livre en Afrique. Naturellement, discuter avec Isabelle Grémillet et les équipes de L’Oiseau indigo et de Bookwitty est extrêmement intéressant. Rappelons les enjeux : lors de mon enquête réalisée durant mon MBA en Marketing et Commerce sur Internet, en analysant les maillons faibles de la chaine du livre en Afrique, la distribution et la diffusion furent les deux éléments mis en avant par les acteurs du livre en Afrique. Rien de surprenant. J’aime dire que cette économie du livre n’a jamais décollé du fait de l’inexistence sur le terrain de ces deux leviers essentiels pour faire circuler le livre.
L’Oiseau Indigo tente avec beaucoup d’audace et d’opiniâtreté de résoudre cette équation complexe en faisant un travail de diffusion des œuvres littéraires du sud vers le nord. C’est donc une réelle opportunité pour les éditions locales africaines de voir leurs textes circuler vers l’Europe et ailleurs. L’adossement de L’Oiseau indigo sur la plateforme Bookwitty renforce cette dimension, cette ouverture avec aux côtés de la diffusion, une critique littéraire de plus en plus présente et des ouvertures vers le Proche Orient.
Le second aspect intéressant de l’expédition arlésienne est la rencontre avec les éditeurs ou les écrivains dont certaines œuvres font partie du catalogue de L’Oiseau indigo. Et là, c’est une plus-value importante pour le chroniqueur littéraire en quête de prises de parole et de lieux d’écriture méconnus sur l’Afrique. En effet, rencontrer Ibrahima Niang, poète, Maïmouna Koné, romancière, Irina Condé, illustratrice ou Michelle Tanon-Lora, conteuse est d’une profonde richesse et un accès improbable avec les auteurs produisant leur oeuvre littéraire depuis le continent. L’an dernier, j’avais découvert Flore Hazoumé et depuis, je me suis plongé dans un autre roman de cette romancière basée en Côte d’Ivoire et qui n’a jamais publié autre part que dans ce pays. Les possibilités offertes en termes de rencontre sont importantes et le contexte permet un réel échange avec les auteurs. Je l’ai déjà dit, suivant le point d’ancrage de l’écrivain, son discours, ses thèmes d’écriture. Et malheureusement, parce que la critique littéraire dominante se trouve souvent en Europe pour ce qui concerne les lettres africaines, les auteurs publiant sur le continent sont peu analysés et au final, circulent très peu.
Le troisième aspect enrichissant est le caractère pluridisciplinaire du festival sur le sujet de l'enfance. On passe du cinéma, à l’exposition photo sur les migrants et les mineurs isolés organisée par Nathalie M’Dela-Mounier, de la poésie en occitan d’Aurélia Lassaque ou du slam de Marc-Alexandre Oho Bambé à la peinture de la burkinabé Olga Yaméogo, l’homme que je suis est comblé d’avoir autant de facettes d’expression d’un art contemporain qui nous parle de l’ailleurs qui parfois ou souvent s’invite en France. D’ailleurs, c’est la démarche profonde de L’Oiseau indigo, de participer à la diffusion de cette prise de parole, de ces écrits produits depuis l’ailleurs. Nous aurons sûrement l’occasion de revenir sur cette question de la diffusion. Cet ailleurs n’a pas toujours les coudées libres pour venir s’exprimer. Comme le fait remarquer Isabelle Grémillet suite au refus de visa des autorités françaises à certains membres de la délégation ivoirienne comme le critique littéraire Koffi Koffi ou l’écrivain Christian Jacob Yankey.
Dans ce festival à taille humaine où la rencontre est possible entre l’artiste et le lecteur novice sur le sujet des mondes du Sud, entre le migrant et l’autochtone ou l’accueillant, l’échange fut riche. Un atelier d’écriture a permis à des mineurs isolés de s’exprimer avec leurs mots, leurs histoires souvent douloureuses faites d’océans de sables et d’eaux salées franchis en laissant derrière soi des compagnons d’infortune. Le temps d’un repas, ces jeunes dont l’issue de l’odyssée n’est pas la même vous soufflent à l’oreille ce que les agitations et campagnes d’indignation burlesques une semaine durant tout au plus sur les réseaux sociaux ne vous diront pas sur le drame des migrants en Afrique du Nord. Pas seulement en Libye.
Avec Ariane Poissonnier nous avons réalisé des interviews d’auteurs sur Arles en partenariat avec la radio 3D FM. Les podcasts sont disponibles et consultables. Dans l’article suivant sur le festival Paroles Indigo Arles, nous aborderons le thème même du festival : « Histoires d’enfance, Histoires pour les enfants ».
Découvrez les podcasts suivants pour saisir le propos de plusieurs auteurs :
Cheikh Oumar Kanté, écrivain et journaliste guinéen.
Maïmouna Koné et Ibrahima Niang, respectivement écrivaine ivoirienne de littérature jeunesse (éd. Ganndal) et poète sénégalais basé en Guinée
Flore Hazoumé et Nathalie M-Dela Mounier, écrivaines publiées respectivement en Côte d'Ivoire et au Mali.
Fatou Keïta, romancière et auteure de littérature de jeunesse

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