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Courbet et la Commune de Paris

Publié le 15 février 2018 par Marcel & Simone @MarceletSimone

Jusqu'au 23 Avril 2018, le Musée Courbet d'Ornans dédie une exposition aux artistes pendant la Commune de Paris, l'occasion de revenir en peintures sur une période charnière de la vie de Gustave Courbet.
 

Siège, armistice et organisation de la Commune


Nous sommes en Janvier 1871, le Second Empire de Napoléon III est démis suite à la défaite d'une guerre éclair contre les Prussiens. La France signe un armistice qui la proclame vaincue et la place sous l'autorité du chancelier Bismarck. Pour les parisiens, cette signature met fin à l'état de siège qui a rationné et affamé la capitale pendant quatre mois. 

Auguste Charpentier, Harengs et Rats ayant servis à l'alimentation  pendant le siège de Paris,1870
Auguste Charpentier, Harengs et Rats ayant servis à l'alimentation  pendant le siège de Paris,1870

Auguste Charpentier, Harengs et Rats ayant servis à l'alimentation pendant le siège de Paris,1870

   Mais la ville a résisté et n'accepte pas la défaite, ni le gouvernement français dirigé par Adolphe Thiers qui s'installe à Versailles. Les classes populaires, les travailleurs et les ouvriers qui sont alors majoritaires à Paris s'organisent et se soulèvent le 18 Mars, déclarent la Commune de Paris indépendante et élisent leurs propres représentants le 26 Mars. Ce gouvernement se divise en plusieurs commissions qui organisent la vie publique : la sûreté, la guerre, les finances, la justice et le travail. L'enseignement n'est pas oublié et l'on retrouve l'auteur Jules Vallès, le chansonnier Jean-Baptiste Clément et le peintre Gustave Courbet dans les membres décideurs de la commission dédiée à l'éducation. 
    Après avoir choqué le public à ses débuts par le choix de ses sujets naturalistes, présentant des scènes quotidiennes et rurales dans un format jusque là réservé aux thèmes religieux et antiques, Gustave Courbet est devenu l'un des peintres les plus sollicités de France en cette moitié de XIXe siècle. Sa réputation dépasse même les frontières. Il est également connu pour ses idées socialistes, voire anarchistes, qu'il a développées au contact de son compatriote franc-comtois, Pierre-Joseph Proudhon. C'est donc tout naturellement qu'il rejoint le mouvement de la commune et qu'il prend la tête de la Fédération des artistes durant cette période. 

La Colonne Vendôme

    Pendant deux mois, la ville de Paris s'organise et vit de manière autogérée et pacifiste. Cependant, la répression menace les communards. Les différentes fédérations se préparent à riposter à une éventuelle attaque du gouvernement Versaillais. Gustave Courbet décide de faire blinder les fenêtres du Louvre pour en protéger les œuvres d'art ainsi que la Fontaine des Innocents et l'Arc de Triomphe. Un autre monument impérial néanmoins ne s'attire pas les faveurs du président de la Fédération des artistes, c'est la Colonne Vendôme. Courbet estime en effet que pour faire “table rase” du passé napoléonien, il convient de déplacer ce monument symbole de guerre et d'impérialisme aux Invalides, auprès des souvenirs d'une autre époque. La commission accepte la proposition et va plus loin, la colonne sera détruite ! Elle est donc abattue le 16 mai 1871, sous les applaudissements de la foule parisienne. 

Colonne Vendôme, Franck, 1871, Metropolitan Museum of Art ©Harris Brisbane Dick Fund / Peintures en tous genres, L.A Stick, © Saint-Denis, musée d'art et d'histoire
Colonne Vendôme, Franck, 1871, Metropolitan Museum of Art ©Harris Brisbane Dick Fund / Peintures en tous genres, L.A Stick, © Saint-Denis, musée d'art et d'histoire

Colonne Vendôme, Franck, 1871, Metropolitan Museum of Art ©Harris Brisbane Dick Fund / Peintures en tous genres, L.A Stick, © Saint-Denis, musée d'art et d'histoire

  Cinq jours plus tard, l'armée versaillaise du gouvernement de Thiers rentre dans Paris et réprime l'insurrection. Les communards érigent des barricades dans les quartiers nord-est de Paris pour stopper la progression des troupes. Mais la capitale tombe en quelques jours, on dénombre entre 6 000 et 8 000 morts et 43 000 parisiens sont fait prisonniers. Courbet sera arrêté et condamné à 7 000 francs d'amende et six mois de prisons qu'il purge dans l'établissement de Sainte-Pélagie à Versailles. 

Gustave Courbet, Autoportrait à Sainte-Pélagie, 1872 © Musée départemental Gustave Courbet (détail)

Gustave Courbet, Autoportrait à Sainte-Pélagie, 1872 © Musée départemental Gustave Courbet (détail)

    Après son séjour en prison, le peintre quitte Paris et retrouve le calme de sa ville natale d'Ornans, où les commandes vont bon train. Mais la mémoire de la Commune est encore vive, chez les partisans comme chez les opposants. En mai 1873, le Maréchal Mac Mahon, devenu président de la république, décide de faire reconstruire la colonne Vendôme, aux frais des responsables de sa destruction ! C'est donc Courbet qui couvrira les frais de la nouvelle colonne estimée à 323 000 francs…  Ses oeuvres et ses biens sont saisis, et le peintre qui refuse de payer traverse la frontière et s'exile en Suisse voisine, où il passera les dernières années de sa vie. 


L'exposition du Musée d'Ornans Gustave Courbet et la Fédérations des Artistes sous la Commune  rassemble peu d'œuvres de Courbet, elle met en avant les peintres de la Fédération qui ont su témoigner de cet épisode bref mais représentatif de l'histoire sociale de la France. De salle en salle le visiteur pourra être témoin des scènes du siège de Paris, de l'organisation de la résistance, de la vie sous la commune, ainsi que de la construction des barricades. De nombreux tableaux peignent ensuite la violence des combats de la Semaine Sanglante et la répression, comme La Mort de Varlin du peintre pointilliste Pierre Dupont.
 

La Mort d’Eugène Varlin, Pierre Dupont

La Mort d’Eugène Varlin, Pierre Dupont

Exposition Courbet et la Fédération des Artistes sous la Commune

Jusqu'au 23 Avril 2018.

Musée Courbet 
1, Place Robert Fernier 
25290 Ornans, France

Le musée est ouvert au public tous les jours sauf le mardi :
Octobre à mars : 9h à 12h et 14h à 17h
Avril à juin : 10h à 12h et 14h à 18h

Plein tarif : 6 euros


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