Nitro mountain de Lee Clay Johnson 3,75/5 (17-01-2017)
Nitro mountain (293 pages) est disponible depuis le 30 août 2017 aux Editions Fayard (traduction Nicolas Richard).
L’histoire (éditeur) :
Dans une ancienne région minière des Appalaches ravagée par la pauvreté, l’ombre de Nitro Mountain s’étend sur la cohorte de laissés pour compte, junkies, piliers de comptoir, vauriens et marginaux sublimes qui y vivent. Jones, un musicien bluegrass qui se donne avec son groupe dans des bars glauques, prend sous son aile Leon, un jeune homme paumé qui ne se remet pas de sa rupture avec la séduisante, torturée et bouleversante Jennifer. Celle-ci a eu la mauvaise idée de tomber sous la coupe d’Arnett, un truand psychopathe aussi terrifiant que fascinant, reconnaissable au tatouage Daffy Duck qu’il porte au cou. Quand Turner, ex-flic cinglé à la gâchette facile qui a troqué son arme de service pour une arbalète, se met en tête d’arrêter Arnett, suspecté de meurtre, afin de regagner son insigne, les choses ont déjà commencé à tourner à l’aigre.
Mon avis :
Tout va mal pour Leon. Largué par Jennifer (une séparation dont il ne se remet toujours pas), après une soirée de beuverie il explose le pick-up légué par son grand-père, se blesse le bras, perd son job aux refuges des sans-abris et finit par retourner vivre chez ses parents.
A 25 ans, le jeune musicien arrive toutefois à se faire ébaucher par Jones Young (guitariste et chanteur dans un groupe de Bluegrass et Country old school) comme bassiste dans son groupe pour leur tournée après avoir dénoncer Arnett Atkins (barman au Misty’s) pour voyeurisme. Malgré cette porte de sortie, Leon n’échappe pas au drame…
Nitro Mountain est un roman comme ceux qu’on trouve chez Gallmeister, brut, sombre et violent dans lequel l’alcool, la drogue, la misère et la brutalité sont omniprésents et dont l’espérance d’une vie meilleure semble impossible.
« De la voir ainsi, j’ai eu l’impression que les six mois écoulés se dissolvaient. Peut-être que tout se goupillait bien, après tout. Elle était là, j’étais là. Rien n’avait changé, tout était pareil. Elle a sorti de son sac à main une fiole violette, sans étiquette, pas beaucoup plus grande que sa main. Elle l’a secouée dans ma direction en disant : « ça pourrait peut-être bien être la réponse. »
Loin d’être un roman caricatural, c’est néanmoins un titre qui manque de profondeur dans la psychologie des personnages. C’est dommage car il y a là un vrai potentiel pour tout le reste. Par contre, cela ne m’a pas empêché de savourer l’ambiance (bien sombre et poisseuse) et de suivre la débâcle, les trahisons et les tentatives de sortir la tête de tout ce bourbier des uns et des autres. D’ailleurs, je me suis demandé s’il existait vraiment un personnage principal dans ce roman. Leon, le protagoniste un peu gauche mais pas méchant et finalement assez attachant, omniprésent au début de l’histoire laisse doucement la place à d’autres… Jones notamment… Enfin, je n’en dirais pas plus. Mais cette évolution dans la mise en avant des personnages, autant que dans l’intrigue (l’un allant évidement avec l’autre) m’ont surprise et plu.
Nitro Mountain est un roman réaliste lourd, noir, très noir, mais dont le style a ce quelque chose de relevé qui le rend plus frappant. Une audace presque de la part des édition Fayard qui chopent là un auteur qui aurait très largement sa place dans le catalogue Sonatine ou Gallmeister et qui réalisent ainsi une belle pioche ! Auteur à suivre.