Parfois l’enfant ne sait pas dire son chagrin,
Mais il entend, le soir, les étranges présages
Qui annoncent aux pierres blessées, à même le sol,
Leur libération, où il apprend que les pierres
Cœurs brisés, ont parfois l’éclat dur d’un langage.
Le bruit de la mer rugit au vestiaire
– Et un reproche ; mais cela même est rassurant :
Un reproche de moins entre lui et la mort…
Et là, sur le tapis devant la cheminée,
Il regarde l’enfer et voit son avenir
– Qui sait, peut-être une chambre de chauffe ?-
Pourtant, l’enfant, je pense, a connu des fous-rires
(On dit que de la vie ce sont les seuls remèdes),
Et puis, n’eût-il pas survécu,
Saurait-il que Rimbaud a connu ces chagrins,
Rimbaud dont l’âge d’homme aussi, comme le sien,
Fut déserté d’amour et privé de langage ?
*
A child may find no words for its sorrow
But may hear at nightfall strange presage of release
That injured stones know pressing to the earth,
Or he may learn that stones themselves may speak
Flintly their language of heartbreak.
In the cloakroom is the roar of the sea
And a rebuke, but even that is comfort
In that it means one less rebuke
Between himself and death…
And on the hearthrug gazing into hell
There is the future – the stokehold perhaps –
Yet I think there must have been laughter,
The sole recovery, men say, from life,
And had he not survived it
Would he have known that Rimbaud felt the same,
Whose manhood was as loveless and as dumb?
***
Malcolm Lowry (1909-1957) – The Collected Poetry of Malcolm Lowry (University of British Columbia Press, 1992) – Poésies complètes (Denoël, 2005) – Traduit de l’anglais par Jacques Darras.