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[Critique] CALL BY YOUR NAME

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] CALL BY YOUR NAME

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Titre original : Call Me By Your Name

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : Italie/États-Unis/France/Brésil
Réalisateur : Luca Guadagnino
Distribution : Armie Hammer, Timothée Chalamet, Michael Stuhlbarg, Amira Casar, Esther Garrel, Victoire du Bois, Vanda Capriolo, Antonio Rimoldi…
Genre : Drame/Romance/Adaptation
Date de sortie : 28 février 2018

Le Pitch :
Été 1983, au Nord de l’Italie. Elio Perlman passe ses vacances avec ses parents dans leur villa. Oliver, un étudiant américain s’installe quelques semaines pour travailler son doctorat. Entre les deux jeunes hommes se noue une forte amitié et plus si affinités…

La Critique De Call By Your Name :

Dernier épisode d’un triptyque sur le désir, (avec Amore et A Bigger Splash) Call Me By Your Name, de Luca Guadagnino est l’adaptation de Plus Tard ou Jamais, le premier roman d’André Aciman. Avec un réalisateur apprécié par la critique, le régulièrement acclamé James Ivory au scénario, la présence de Timothée Chalamet au générique et une thématique universelle, le film avait toutes les armes pour avoir d’excellents retours. D’ailleurs, les multiples articles dithyrambiques en font l’outsider rêvé (après Moonlight en 2017) pour les Oscars. Mais si sur le papier, tous les ingrédients pour en faire un des temps forts de l’année sont là, le constat final est plus mitigé.

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Cinéma Chiantissimo

Autant le dire tout de suite, Call Me By Your Name est un film beau (à ne pas confondre avec un beau film). L’esthétique est léchée, l’image travaillée avec l’utilisation d’une pellicule 35mm, les plans magnifiques, le montage soigneux et la B.O. superbe. Mais le problème du film est le même que celui des les acteurs et de leurs personnages : c’est beau mais c’est chiant. Luca Guadagnino est un élève appliqué. Cinéphile féru de Rivette, Rohmer ou encore Bertolucci, il en fait des caisses et nous livre un mix entre néo-réalisme italien et Nouvelle Vague avec tout ce que ça implique comme scories. Pendant un bon moment, on assiste à un défilé de références hyper pointues à la très haute culture. On a l’impression d’être spectateur de débats soporifiques d’une émission élitiste. Le cinéma français dans ce qu’il a de plus caricatural, à savoir ces dialogues aussi insipides que pontifiants débités par des bourgeois qui étalent leur savoir appris en Master de Lettres ou d’art.
Dans cette première partie de Call Me By Your Name, si la culture était de la confiture, elle ne serait pas tartinée uniquement sur la biscotte mais aurait carrément tout éclaboussé du sol au plafond. Les acteurs étant au diapason de ces travers inutiles au possible. Timothée Chalamet retrouve le même style de personnage que dans Lady Bird, à savoir celui du petit con arrogant qui récite des propos métaphysiques le regard dans le vide entre deux bouffées de clopes qu’il tire négligemment et qui se comporte comme un malpropre avec des femmes un peu naïves qui s’amourachent pour ce Louis Garrel du futur. Face à lui, Armie Hammer est un autre cliché sur pattes. Aussi viril que Chalamet est fragile, le torse luisant et fourni qui illustre sa masculinité et l’assurance limite arrogante de l’étudiant américain, il séduit tout le monde avec ses connaissances et flirte avec le jeune éphèbe avec des tactiques aussi subtiles qu’un massage furtif des épaules. À ce moment, non seulement, rien n’est inattendu mais en plus, on a l’impression d’être devant de l’érotisme moite discount d’un roman-photo ou d’un bouquin de chez Harlequin. Ajoutons à cela des plans d’un symbolisme foireux et un ramassis de clichés sur l’Italie tels que les vergers, les paysages de carte postale, la villa bourge du XVIIème siècle, le plan hyper subtil sur le Vespa façon La Dolce Vita, la pop locale ou encore le portrait de Mussolini chez une paysanne et la coupe est plein. Bref, on nage en plein bonheur lorsque quelque chose de surprenant se produit…

Un homme et un homme

Cela dit, après plus d’une heure entre ennui et indifférence polie, Guadagnino décide de lâcher un peu ses références et son cinéma autocentré qui s’admire le nombril pour donner un peu de caractère à Call Me By Your Name. Ce moment intervient en même temps que la romance attendue. Les deux héros laissent tomber leurs oripeaux d’intellos sur-cultivés pour devenir plus nuancés, à fleur de peau. On se prend à éprouver de l’empathie pour leur coming-out douloureux à une époque et dans un cadre où la « norme » dominante hétérosexuelle est vécue comme vérité absolue. Les fulgurances se multiplient et le spectacle gagne en intensité, en sensibilité et en pertinence. L’érotisme se fait alors plus chargé et le film va chercher dans les classiques du genre et flirte avec les grandes romances du style d’Un Homme et une Femme. Le charme agit enfin et Guadagnino appuie son propos sur une tolérance naissante dans la cellule familiale avec délicatesse et justesse. L’équilibre fragile entre deux parties bien distinctes et aussi antinomiques confère hélas à Call Me By Your Name un côté bancal et une impression de potentiel gâché.

En Bref…
Call Me By Your Name est paradoxalement aussi ennuyeux qu’intéressant. À l’instar de La Vie d’Adèle, il montre une tendance pathologique à sur-intellectualiser les histoires d’amour entre personnes du même sexe. Les multiples références pontifiantes et le verbiage pédant en font un film calibré pour un certain public qui a une haute opinion de sa propre culture. En revanche, contrairement au film de Kechiche, il trouve des fulgurances en termes d’émotion comme au niveau de son esthétisme hyper travaillé et de sa pure beauté formelle. Du coup, s’il s’avère plutôt bon dans l’ensemble, il ne justifie pas les superlatifs démesurés semblant le faire passer comme la 8ème merveille du monde. Comme le disait Public Enemy : « Don’t believe the hype ».

@ Nicolas Cambon

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   Crédits photos : Sony Pictures Releasing France


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