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Jo Güstin : 9 histoires lumineuses où le bien est le mal

Par Gangoueus @lareus

Avant de lire cet article, peut être serait il intéressant de voir l'émission 5 questions idéales posées à Jo Gustin. Pour vous faire une première idée du personnage.
Jo Güstin : 9 histoires lumineuses où le bien est le mal
Celles et ceux qui ont vu les créations audiovisuelles autour de la parution de son bébé, à savoir son premier livre publié et intitulé 9 histoires lumineuses où le bien est le mal, ont forcément été interpelés sur l’ingéniosité, l’originalité de la démarche de Jo Güstin. Formée aux méthodes du personnal branding et de la promotion de produits culturels, la jeune nouvelliste camerounaise ne force pas son talent, tant dans sa communication que dans sa production littéraire, pour être une artiste. Une artiste au sourire engageant. Le sourire large. Le sourire lumineux.
Des indices nous préviennent que cette façade avenante comme Google l’est et nous cache les affres du darknet, Jo Güstin manie le sourire et l’humour pour sonder les failles, les abysses ténébreux dans lesquelles on ne s’essaierait pas à glisser. Oui, elle raconte 9 histoires lumineuses. Ces nouvelles sont remarquablement écrites. Elles respectent les règles du genre avec des chutes très douloureuses pour le lecteur. Le souci du détail est la caractéristique du travail de Jo Güstin que l’on devine maniaque et perfectionniste dans son activité de création.
Elle explore les tabous. Elle explore la marge. Elle explore des maux que le plus grand nombre cautionne indifféremment. Même dans ces sociétés africaines que l’on dit très solidaires. Sociétés africaines. Oui, nous sommes quelque part à Yaoundé, Kribi ou Douala… Elle accuse sans accuser. Elle dénonce sans dénoncer. La pédophilie des prêtres. La criminalisation de l’homosexualité au Cameroun. L’acceptation de l’enfant soldat. La marginalisation en Europe des bêtes de foire. La question de l’enfant soldat. Le colorisme, le métissage ou la construction identitaire d’une afropéenne. Parce que certaines nouvelles se déroulent en Occident.
Vousme direz nombre de ces sujets ont déjà été traités. Oui, de manière éparse et plus ou moins frontalement. Ici, le propos de Jo Güstin se veut plus direct et très honnêtement, celle ou celui qui se croira à l’abri du procès par nouvelles interposées de l’immobilisme des sociétés africaines, se prendra un uppercut dévastateur à un moment ou un autre du recueil de nouvelles.
Jo Güstin incarne avec d’autres auteurs de sa génération une volonté de rupture et de changement. Comme Hakim Bah ou Elgas, ses mots sont taillés au silex, pour bousculer, déranger, empêcher de tourner en rond. Le projet littéraire se veut court, accessible et ouvre forcément le débat sur différents sujets. L’explosion de la violence est particulièrement retentissante dans la dernière nouvelle où on pourrait penser que le sujet majeur est la question de l’homosexualité abordée par le biais du fantasme et du rêve. Mais au-delà de ce sujet, la violence au niveau de cette jeunesse camerounaise est d’observer le niveau d’indifférence et d’absence d’empathie de ceux qui possèdent tout à l'égard de ceux qui sont complètement démunis.

Misère…Jo Güstin, 9 histoires lumineuses où le bien est le mal
Editions Présence Africaine, première parution en 2017

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