Les vraies richesses, qu’elle s’appelle, la petite librairie d’Alger, héroïne du merveilleux roman de Kaouther Adimi. Dans cette œuvre, couronnée du Prix Renaudot des Lycéens, l’auteur fait disparaître le minuscule établissement pour mieux nous en parler et célébrer les vraies richesses que sont les livres. Mais aussi pour faire le récit du drame algérien.
On fait le pont entre deux Algérie, l’actuelle, libérée du colonialisme mais qui étouffe dans son corset religieux, et celle d’hier, celle de l’après-guerre, où bouillonne la révolte sourde d’un peuple opprimé.
Mais la France a besoin des indigènes dans ses troupes. « La Mère Patrie n’oubliera pas au jour de la victoire tout ce qu’elle doit à ses enfants de l’Afrique du Nord. » (Couillons!) Nous sommes des cireurs de chaussures, des petits commerçants, des vendeurs de légumes que nous cultivons sur de minuscules lopins de terre, des gardiens de chèvres et de moutons. Nous ne sommes pas encore des adultes. Nous n’avons jamais été vraiment des enfants.
J’adore ces romans qui n’en sont pas réellement, solidement documentés (comme en fait foi la bibliographie), qui ravivent des époques, des lieux, des gens autrement inaccessibles. Et tout cela, en ce qui concerne Adimi, avec une économie de moyens, une admirable sobriété dans le style et le langage. Pas un mot de trop. Une redoutable efficacité.
Kaouther Adimi, Nos richesses, Seuil, 2017, 216 pages.