Coffee Talks : Sascha Ley - The Syndicate

Qui êtes-vous Sascha Ley

On avait fixé la date et l'heure mais pas le café.
On a décidé sur le moment, spontanément. À Dudelange, on a le choix en matière de cafés vraiment cafés (pas ces lounge-bars couleur bonbon me touche pas m'as-tu vu qui envahissent et aseptisent nos villes - ciblant une clientèle triée sur le volet. En même temps, je n'en veux à personne, chacun cherche sa voie).
Donc vous avez suggéré le Syndicate sur l'avenue Grande-Duchesse Charlotte. Donc on y est allé. Et on y a bu un café. Etait-ce un café, un chocolat chaud, un verre de vin ou un thé, je ne m'en souviens plus. Il faut dire que notre coffee talk a eu lieu il y a un peu plus d'un an, j'en ai mis du temps à pondre un billet ! La vérité est que j'avais écrit un premier texte assez rapidement après notre rencontre. Emporté par mon inspiration et inspiré par la  poésie indicible qui émane de votre être, j'avais lâché les phrases à vive allure sur l'écran tactile, pour les voir se jeter dans une chevauchée lyrique à travers les plaines battues par le vent de mon imagination. Au final, un vrai faux portrait de vous, un instantané de notre conversation d'un soir de décembre 2016.
Vous l'avez deviné, ce texte sensible et sauvage s'est égaré au milieu de la pagaille de mes journées, perdu disparu évanoui...
Il a fallu que je recommence. Comme le temps a pris le temps de se défiler, je ne prétends pas retrouver le souffle original qui infusait  ma dissertation. Tout au plus essaierai-je d'esquisser les souvenirs.
Donc Sascha, comédienne, actrice, auteur-compositeur-interprète, musicienne, ai-je oublié quelque chose, vous êtes une artiste. Et moi, les artistes ça m'a toujours fasciné. Depuis tout petit. Je suis heureux quand je savoure le produit de l'artiste - un film, une chanson, un livre, une pièce - mais je suis encore plus heureux quand je peux parler avec un artiste. Dans ma vision romantique, vous êtes des êtres libres, indomptables, bouillonnants, ouverts d'esprit, questionnant sans cesse le moindre petit instant et le moindre petit élément de tout ce qui est établi. Des funambules sur le fil du rasoir, confrontés sans cesse au vide de l'existence.
Oh non pas dans une volonté de provocation ou de démolition, plutôt comme l'enfant émerveillé qui demande c'est quoi la pluie  c'est quoi le soleil pourquoi est-ce que la mer est bleue et pourquoi est-ce que la nuit est noire.
Ce soir-là, je m'en souviens, vous n'étiez pas vraiment dans la meilleure des dispositions, la vie parfois nous joue des tours, et pourtant vous gardiez l'équilibre, posée au seuil de l'instant, vous braviez le vertige et le néant.
Debout, toujours, l'oeil vif et le coeur aimant, vous n'en vouliez à personne, chacun gère sa pesanteur et sa légèreté comme il peut.
Qui êtes-vous Sascha Ley ? Les masques et les camouflages font partie de votre jeu, et vous excellez à en faire des atours précieux.
Il est vrai que tout autour de nous n'est que brume et image, et que l'être si souvent se confond avec le paraître.
La sincérité réside peut-être simplement dans la superposition des calques qui nous composent. Je veux dire : à force de jouer avec les masques, ceux-ci finissent par nous coller à la peau et par définir ce que nous sommes.
" On fait des bulles, on est du vent
Des funambules sur le fil du temps. "
C'est du Mélo - Joe Dassin