Polyester the Saint « American Muscle 5.0 » @@@@½
Sagittarius Laisser un commentaire5.0, c’est pour la cylindrée ou la version? Un peu des deux pour cette suite d’American Muscle, qui est le cinquième album du californien Polyester the Saint, voilà ce qui explique aussi ces chiffres. Une suite encore meilleure que son prédécesseur s’il-vous-plaît ! Et dire que c’est l’été dans l’hémisphère sud…
Le style de rap du rappeur-producteur et boss du label Hellagood n’a plus grand chose à voir avec ses tout débuts, en 2010. Son premier essai Peace Love Unity Respect était un projet qui se voulait post-moderne, avec une pointe de soul et où le chant était nettement plus présent que le rap. C’était à cette période-là qu’il s’est fait connaître, notamment aux côtés d’un autre rappeur émergent de Leimert Park, le homie Dom Kennedy. Puis tout à coup en 2013, la tendance s’est voulue westcoast à 200% avec POP et petit à petit, avec For The Player In You et American Muscle (qui fut ze sortie estivale de 2016), les saveurs sont devenues plus ‘old school’, smooth et laid-back à souhait, dans la tradition du DPG style et des sons de DJ Quik. Pour ne pas dire ce qu’il en est vraiment : du G Funk remis au goût du jour. Pour compléter le tableau, Polyester dévoile son côté young timer en posant aux côtés de différents millésimes de Camaro.
Sur American Muscle 5.0, Polyester prend la pose typique devant une autre monture, une Ford Mustang tunée très lai… ‘eighties’ on dira, mais collector. Et c’est bien dommage que cet album n’existe pas en format physique car il l’aurait été dans vingt ans, collector. Comme dit dans le paragraphe de présentation, cette suite se veut ‘++’ par rapport à American Muscle. Polyester adopte encore plus l’attitude G Code, quitte à ne plus dissimuler ses influences de 2Pac dans le flow et dans le texte (« I’m sippin’ Hennessey/laughin’ at my enemies » sur « In My Zone« ). Musicalement, il a mis aussi tous les curseurs au max pour son style G Funk old school/new school, que ce soient les synthétiseurs stridents, cowbells, parfois complétés par des refrains r&b ou de vocoder (« Outtie 5000« ), et des rythmiques et effets plus actuels, comme des samples r&b ‘underwater’ (« A Good Thing« ) ou des basses ronronnantes.
Il est statistiquement impossible que vous ne trouviez pas chaussure à votre pied sur cet album si vous êtes un amateur de rap westcoast « à l’ancienne » (ah oui ça fait déjà plus de vingt ans), tellement c’est terriblement addictif. Il est peut-être encore trop tôt pour sortir les barbecues, mais c’est pas l’envie qui manque en jouant des titres gangsta party comme « Where The Party At » (en compagnie des gars de Compton Buddy et Problem), le très trèèèèèès funky « Wazzup » (feat Jay Worthy) et « Bury Me In My House Shoes » (avec Krondon qui a le vent en poupe depuis qu’il joue le méchant dans la série Black Lightning). Si le ciel est dégagé, rien de tel aussi qu’une ride sous le clair de lune sur « In My Zone« , avec Curren$y suivant tranquillement derrière et Freddie Gibbs qui double tout le monde avec son débit nerveux. On tombe immédiatement in love de « On My Mind » avec la chanteuse Jack Davey, submergé par ce puissant sentiment de nostalgie à l’écoute de ce titre r&b westcoast aussi intense que le souvenir d’un crush festival de notre adolescence. Pareil pour le midtempo sexy « I Can Make Ya » feat Like. American Mucle 5.0 sonne clairement comme un classique westcoast.
Comme Polyester avec son style qui est revenu progressivement au rap westcoast qu’on a connu dans les années 90 – ok je m’adresse principalement à des trentenaires, on peut aussi revenir en arrière dans sa discographie, et il y a fort à parier que vous allez adorer.