
Le décor y est magnifique et l'histoire du lieu est fascinante. J'en ai déjà parlé, en 2016 et en 2017, à l'occasion des célébrations que la maison organise le 6 décembre pour la Saint-Nicolas qui est un peu le patron de la maison puisqu'elle est alsacienne.
Je reviendrai sur le sujet en fin d'article pour ceux qui auraient manqué ces épisodes.

Mais avant ce sont les hommes et les femmes qui animent ce lieu exceptionnel que je voudrais mettre à l'honneur. Faire vivre un restaurant représente beaucoup de travail même si chaque personne que j'ai rencontré m'a répondu que ce n'était qu'une question d'organisation. Soit. Il en résulte que coté coulisses, l'ambiance est active mais respectueuse, très loin des séquences de Cauchemar en cuisine.
Vous verrez très peu d'images coté salle. C'est l'activité des fourneaux que j'ai voulu mettre en lumières.
Nous ferons ensuite un petit tour dans le décor si typique du rez-de-chaussée et du premier étage, sans oublier .... les toilettes qui sont peut-être les plus belles de la capitale et qui valent le détour.On parle de coup de feu pour désigner ce moment où les commandes se bousculent et où l'agitation est à son paroxysme au passe-plat. Le jour de ma venue fut très chargé en terme de nombre de couverts et pourtant il n'y a guère eu d'agitation majeure. L'ambiance de travail fut calme et respectueuse. Les quelques soucis (il y en a forcément) furent réglés avec efficacité.
Bofinger, en coulisses, coté réservesMême si les livraisons sont quotidiennes, notamment les poisons, qui arrivent entiers ou en filets, il faut une grande superficie de stockage pour des provisions comme la choucroute qui arrive évidemment d'Alsace, dans des futs de 25 kilos. Faites le calcul de l'espace nécessaire sachant qu'il s'en consomme environ 600 kilos par semaine.




Enfin qu'on se rassure, personne ne risque d'être bloqué dans ces armoires quasi glaciales (parfois 2°, parfois 4°, selon les produits) qui sont désormais équipées d'un bouton pousseur de l'intérieur, qui s'appelle "sécurité coup de poing". Le personnel porte néanmoins des vêtements adaptés aux basses température.
L'espace cuisineLe banc de fruits de mer a trouvé sa place à l’intérieur, derrière des vitres pour être visible de la rue. Les cuisines ont été modernisées il y a dix-huit mois sous la houlette de Georges Belondrade, qui est le chef de la brasserie depuis 2004, et la routine en a été bousculée. Tout le matériel culinaire a été renouvelé, mais tout le monde a repris ses marques m'a expliqué son adjoint Stéphane Loaec. Il s'organise en quatre parties (cinq avec la plonge), la cuisine proprement dite, la poissonnerie (avec Teddy), la pâtisserie (pilotée par Ryad), l'espace hors d'oeuvres. Les entrées chaudes sont envoyées depuis la grillade.


Le soir, les plongeurs épluchent les pommes de terre qui seront utilisées le lendemain, parce qu'on se le dise, on ne sert pas de frites surgelées chez Bofinger.





Le service est lancé ...Les piles d'assiettes sont rutilantes et prêtes à être garnies. Un tourniquet imposant a été conservé, à titre d'antiquité pratiquement, parce que l'on n'annonce plus les commandes en les hurlant devant le passe-plat. Tout arrive directement sur chaque poste de travail: entrées-plats-desserts, ce qui fait gagner en temps et en efficacité.
Il n'empêche que les garçons (je n'ai vu qu'une serveuse) ne chôment pas et ne s'attardent pas, ce qui explique qu'à une exception près vous ne les verrez pas en photo.





Les entrées
Les entrées froides sont préparées dans un espace dédié. Aujourd'hui la Tomate mozza sera peu demandée. Je vois défiler ...





et le Carpaccio de Saint-Jacques au citron jaune, crème d'huître











D'autres plats sont réputés dans le restaurant comme le Baeckeoffe qui est réalisé non pas avec des viandes comme le veut la coutume mais avec des poissons (bar, saumon d’Écosse et haddock). La première spécialité de la maison est bien sûr la Choucroute, déclinée en cinq versions, même si on peut également y manger des plats de brasserie française classiques comme le tartare ou l’entrecôte.








Le traditionnel Munster fermier de la maison Siffert-Frech est un autre incontournable, à tel point qu'un tableau a été réalisé en son honneur et trône dans le hall.





le Moelleux au chocolat (cuit à la demande), crème glacée à la mascarpone


La fin du service
L'atmosphère ayant été très active quoique sereine tout le long de la période on est un peu surpris de sentir un ralentissement qui se manifeste par des visites moins hâtives dans les cuisines,




Revenons maintenant sur le cadreLa volonté de son directeur, Frédéric Tabey, est de maintenir cette institution mythique dans son caractère tout en l'inscrivant dans l'air du temps. Il est bien entendu respectueux de la tradition, attentif à tout.


Dans les années 20, les gendres de Monsieur Bofinger reprirent l’affaire et décidèrent d’en faire la plus belle brasserie de Paris. Bofinger s’agrandit et connut une rénovation spectaculaire. Les murs étaient, et sont encore, à l'image de l’Art Nouveau.


Au centre de la salle, une desserte rehaussée d’une glycine (qui a remplacé la cigogne initiale) sépare les 32 tables les plus prisées de l’établissement. Autour de la salle, les murs sont ornés de frises, de médaillons sur toile et de macarons représentant des villes de vignobles.


















Lorsqu’en 1968, Éric de Rothschild et Isidore Urtizverea l'ont rachetée, les figures du Tout Paris de la politique et de l’art se sont à nouveau pressées chez Bofinger, et l’endroit est redevenu à la mode. François Mitterrand (qui s’est assis à la table 25) a réservé le premier étage le 10 mai 1981 pour célébrer son entrée à l’Elysée. Les couturiers ont commencé à affluer des rues voisines, comme Jean-Paul Gaultier, Christian Lacroix, Azzedine Alaïa. Michel Polnareff fêtera son retour en France.



Je remercie vivement chacune des personnes qui ont supporté ma présence pendant le service et la patience avec laquelle on a répondu à mes nombreuses interrogations. Ma reconnaissance est entière pour Frédéric Tabey et son équipe, ainsi que pour Stéphane Loaec et sa brigade.
Brasserie BofingerCuisine française et spécialités alsaciennes5-7 Rue de la Bastille, 75004 Paris - 01 42 72 87 82Horaires : 12:00–15:00, 18:30–00:00Vente à emporter possible