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Cantique des plaines, de Nancy Huston (2)

Publié le 14 mars 2018 par Onarretetout

Derrière le titre Cantique des plaines, j’entends « plain chant », et quand il y a plain chant, bien qu’il n’y ait qu’une voix, cela déborde l’individu. Un individu qui agonise peut croire que le monde s’écroule (certains auteurs écrivent, à la fin de leur vie des récits eschatologiques) mais son souvenir le dépasse : tant qu’on parle de lui, il existe. Penser à quelqu’un qui nous a précédés c’est aussi observer sa descendance, sa multiplication, la diversité qu’il a générée. C’est ce à quoi s’attache Paula, avec l’aide de son grand-père, lecteur du récit qu’elle construit. Si le monde ne s’est pas effondré à sa mort, elle lui offre une sorte d’éternité dans et par l’écriture qui raconte le grand-père et le monde. 

9782742791095

Paula reçoit en héritage une tentative de texte évoquant le temps, et c’est le temps qu’elle reçoit en héritage. C’est son patrimoine, notre patrimoine. Me revient en mémoire la dernière phrase du livre de Philip Roth, Patrimoine, une histoire vraie : « On ne doit rien oublier ». Dans le livre de Nancy Huston, il ne s’agit pas d’oubli ou de tout se rappeler. Il s’agit plutôt de « racheter le temps », comme l’écrit ailleurs Paul Ricoeur à propos de La Recherche du temps perdu (Marcel Proust). Et c’est en faisant éclater les limites du récit (premiers mots : « Et voici » ; dernier mot « éternité ») que Paula assume, réalise et sublime le voeu de Paddon.

Certainement, l'humanité est L'espèce fabulatrice : « Notre imagination supplée à notre fragilité. Sans elle - sans l'imagination qui confère au réel un Sens qu'il ne possède pas en lui-même - nous aurions déjà disparu, comme ont disparu les dinosaures. »


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