par l'affinement du souffle.
Cette pratique de yoga physique repose sur le postulat
que la respiration est le support du mental
En ralentissant le souffle, on ralentirait le bavardage intérieur.
Parmi les exercices de pranayama, beaucoup sont aujourd'hui présentés
comme des façons d’oxygéner l'organisme et de vider les poumons du dioxyde de carbone, ce gaz qui "réchauffe" le climat et qui a donc mauvaise réputation.Le plus célèbre de ces exercices est sans doute kapalabhati.
C'est une sorte de respiration abdominale en soufflet que l'on pratique jusqu'à ressentir des picotements dans les doigts,une sensation de légèreté dans la tête et un apaisement intérieur.
Dans le système du Hatha Yoga, c'est une pratique de "purification".
Il ne s'agit pas exactement d'hyperventilation, car la respiration est limitée à la zone abdominale.
Cependant, ce qui m'intéresse ici est que cet exercice est presque toujours présenté comme un accroissement de l’oxygène, ce qui serait une bonne chose.
On m'a toujours présenté les choses ainsi.
Mais à y regarder de plus près, les choses sont très différentes.
Comme souvent, le ressenti de l'instant induit en erreur.Pendant la Seconde Guerre Mondiale, des pilotes jeunes, inexpérimentés et terrorisés par l'idée de partir dans des missions à haut risque, souffraient d'hyperventilation.
Ce qui, bizarrement, les rendaient confus et désorientés.Des médecins étudièrent alors le phénomènes contre-intuitif.
Ils découvrirent que l'augmentation de l'oxygène dans le sang provoque diverses réaction : d'une part, l'oxygène tend à rester dans les globules rouges, sans passer aux muscleset au cerveau ; de l'autre, le sang devient alcalin, ce qui entraîne une contraction des artères, notamment de celles qui irriguent le cerveau.
Le résultat est que le taux de dioxyde de carbone augmente dans les muscles et le cerveau.
Voilà pourquoi on peut s'évanouir en hyperventilant. Contrairement à ce que l'on dit, ça n'est pas à cause de l'oxygène lui-même, mais bien à cause d'une réaction qu'il provoque et qui conduit, paradoxalement, à une privation d'oxygène, que l'on se sent léger et apaisé après un kapalabhati.La pratique de kapalabhati prive donc le corps et le cerveau d'oxygène et augmente la proportion de dioxyde de carbone. D'où les sensations de vertige, de légèreté, d'évanouissement, de silence intérieur. La cause est le manque d'oxygène dans le cerveau, comme quand on est accroupi et qu'on se relève trop brutalement.
De même, l'ensemble des pratiques du pranayama auraient pour but - sans le savoir en ces termes, évidemment - d'augmenter la proportion de dioxyde de carbone dans le corps. Ce gaz, en plus de son effet de serre qui l'a rendu tristement célèbre, aurait en effet des vertus essentielles pour l'organisme.
Les médecins qui avaient étudié l'hyperventilation des pilotes
conclurent qu'il fallait qu'ils respirent provisoirement dans un sac en papier, histoire de ramener de l'oxygène dans le corps. Une sorte de pranayama brutal et pradoxal. Mais pas tant que ça, en fait.Quoi qu'il en soit, le pranayama est l'allongement du souffle afin de parvenir à des rétentions de plus en plus longues. Et, grâce à ces rétentions, d'apaiser le mental en augmentant le taux de CO2 dans le cerveau.
D'où la valeur d'une pratique de pranayama profonde qui consiste à "écouter" la fin de chaque expiration, en lâchant prise à chaque fois.
Sources :
Article
Article scientifique
Enfin, la méthode Buteyko, sorte de pranayama russe :