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Lady Bird (2017), Greta Gerwig

Par Losttheater
Lady Bird réalisé par Greta Gerwig

Il y a un fossé entre Sacramento et New-York. Tout comme il y a un fossé entre le désir d’émancipation sociale d’une jeune adolescente et la réalité politique de son pays. Inscrit parfaitement dans la mouvance du cinéma indépendant américain, Greta Gerwig en a bien compris tous les tenants et aboutissants. Trop peut-être. Dans Lady Bird, son premier film en tant que réalisatrice, elle nous brosse le portrait d’une jeune femme qui vit sa dernière année dans un lycée trop sectaire pour elle.

Christi préfère qu’on l’appelle Lady Bird. Elle a les cheveux teints et se passionne pour la couleur rose. En marge, elle ne se soucie guère des qu’en-dira-t-on et voudrait s’inscrire dans une grande université de la côte Est, qu’importe ce qu’en pense sa mère. Une mère avec qui elle est en conflit permanent. Entouré d’un petit-ami secrètement homosexuel et d’une meilleure amie pas si sûre d’elle malgré les apparences, Lady Bird n’a qu’une hâte : quitter cette ville natale pour rejoindre son rêve d’adulte.

Emprunt du mumblecore, mouvance du cinéma indépendant qu’elle a en partie lancé, Greta Gerwig donne l’impression que son film est fauché, parfois improvisé tout en insufflant à son histoire une trame socio-politique, à la fois drôle et intime. Le film propose une succession de séquences qui semble au premier abord n’avoir aucun lien de cause à effet. Lady Bird a un rendez-vous amoureux. Lady Bird monte une comédie musicale. Lady Bird participe à l’élection de ses délégués de classe. Tout cela ancré dans un milieu social modeste mais qui peine à servir aux ambitions de la jeune fille. La forme rejoint tant bien que mal le fond, quitte à pénaliser Greta Gerwig. Au bout du compte, on ne sait pas trop où elle veut en venir. L’ambition sur le papier ne rejoint jamais les émotions retranscrites à l’écran. On ne peut néanmoins s’empêcher de s’éprendre de sympathie pour la jeune Lady Bird. En ça, le personnage est formidablement bien écrit et le film mérite amplement sa nomination aux Oscars dans la catégorie Meilleur Scénario Original. Lumineux, décalé, doux-amer, le ton ne trompe pas. Ajoutez à ça le jeu lunaire de Saoirse Ronan et vous obtenez la combinaison gagnante. Le défilement du quotidien de la lycéenne apparaît avec nonchalance, tout ce qui fait les détails de sa vie qu’elle déteste est filmé avec amour par la réalisatrice. Le film, semi-autobiographique, serait-il une lettre d’amour à une jeunesse perdue ? En tout cas, tout tend à y croire tant la réalisatrice s’appuie sur des détails qui semblent en apparence sans intérêt. La distance sociale et culturelle qui sépare Lady Bird de son rêve rappelle une réalité bien présente aux Etats-Unis. Un pays dans lequel les campagnes et les petites villes sont bien en marge d’un accès à une culture facilité dans les grandes villes et les milieux favorisés. Lady Bird ne serait donc que l’histoire d’une jeune femme née du mauvais côté du pays. Dommage que Greta Gerwig s’embourbe dans des carcans du teen movie rabâché, au point que la sensation d’avoir déjà vu le film plane durant tout son visionnage.

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