C’est un beau soir de mars, rugueux et froid .
L’après-midi, quelques fragiles anémones
Ont fleuri toutes à la fois.
A cette heure tombe le soleil jaune.
Merles et grives
S’interpellent et se poursuivent
Et s’écoutent siffler à pleine voix,
Ou bien encore grincent et se chamaillent
Parmi les mailles
Des rameaux fins et divergents du bois.
Au ras du sol poussent les herbes
A petits brins, frêles et lisses.
La surface des eaux se plisse
Au vent acerbe.
Les villages, lavés par la neige et la pluie,
Au bord de la grand-route et des mares s’appuient
Et reluisent, de loin en loin, parmi les champs:
Tuiles rouges et volets verts et pignons blancs.
Emile VERHAEREN, Toute la Flandre, Mercure de France, 1911
Dans une semaine commence le Mois belge, avec un rendez-vous poétique le dimanche 1er avril.