La série Alex Rider, L’Île du Crâne, une des suites post Ian Fleming des aventures de James Bond… Anthony Horowitz est un écrivain bien connu des lecteurs à travers la planète pour ses différents faits d’armes. C’est auréolé de tout ce succès que l’auteur britannique est venu présenter dans les locaux de Babelio il y a quelque jours son dernier livre Comptine mortelle en présence de l’interprète Fabienne Gondrand et publié simultanément aux Éditions du Masque et dans une édition jeunesse chez Hachette Romans. L’occasion pour trente lecteurs de rencontrer Anthony Horowitz et en apprendre davantage sur son œuvre, ses inspirations et sa toute dernière publication.
« Alan Conway est un auteur de romans policiers à succès. Susan Reynolds, son éditrice, est ravie de lire son nouveau manuscrit, qui a tout pour plaire au plus grand nombre de lecteurs. Mais alors qu’il manque les trois derniers chapitres et le dénouement de l’histoire, Alan met fin à ses jours. »
Une intrigue à plusieurs visages
D’emblée, et même si les lecteurs présents n’ont pu découvrir Comptine mortelle qu’à l’issue de la rencontre où un exemplaire leur a été remis, c’est l’intrigue proposée par Anthony Horowitz dans ce livre qui suscite des interrogations. On retrouve en effet deux romans dans le livre ! Le premier, c’est L’épitaphe de la pie, le manuscrit de l’auteur d’enquêtes policières Alan Conway que découvrent à la fois son éditrice Susan Reynolds mais aussi les lecteurs qui plongent en même temps qu’elle dans la dernière enquête d’un détective à la Hercule Poirot nommé Fidèle Staupert. Il y a une surprise, cependant, puisque avant que le meurtre ne soit résolu, Susan – et les lecteurs – découvrent qu’il manque les derniers chapitres et que l’auteur vient de se suicider… C’est le point de départ d’une nouvelle enquête menée cette fois-ci auprès de l’éditrice bien décidée à retrouver les chapitres manquant. Elle découvre rapidement que l’entourage d’Alan Conway a quelques points communs avec ses personnages mis en scène dans L’épitaphe de la pie…
Comment l’auteur a-t-il réussi à écrire ce double roman, aux enquêtes imbriquées de la sorte ? « Ce livre à failli me tuer ! J’ai énormément travaillé dans la construction de cette histoire, j’avais avec moi en permanence un petit carnet où je notais les différentes possibilités d’indices qui me passaient par la tête, où je notais des éléments relatifs à des tableaux que je pouvais croiser ici et là, des diagrammes… »
Cette complexité à dénicher les éléments futurs de l’intrigue se retrouvant également dans le temps qu’il a fallu à Anthony Horowitz pour en finir avec l’écriture de son roman : « En général, l’écriture d’un livre me prend sept mois. Pour Comptine mortelle, j’ai mis plus du double pour arriver à un résultat satisfaisant où tous les éléments que je voulais mettre en place parvenaient à s’imbriquer plutôt correctement. »
Un livre hommage
Grand amateur de l’œuvre d’Agatha Christie, Anthony Horowitz reconnaît volontiers s’inspirer régulièrement des nombreuses choses qu’il a pu trouver sous la plume de la Reine du crime. Des inspirations qui ont souvent aidé l’auteur dans la construction de ses différents livres, y compris pour Comptine mortelle où la majeure partie de l’enquête qui y est menée va se tenir dans un village reculé de la profonde Angleterre : « Le livre est inspiré par les œuvres d’Agatha Christie, j’adore tout ce qu’elle a construit au cours de sa vie. Peut-être plus qu’ailleurs sur le globe, la mère de Miss Marple est célébrée dans tous les petits villages anglais. J’ai longtemps habité dans cette campagne anglaise, et la différence de la vie à Londres et dans ces petites villages m’intéresse beaucoup, comme c’était le cas, je l’imagine, pour Agatha Christie. Un meurtre dans une grande ville ne se sait pas, la vie suit son cours sans aucun grand changement. Dans un petit village reculé, tout le monde connaît tout le monde, tout le monde devient immédiatement suspect. C’est de ce climat si bien retranscrit dans les livres d’Agatha Christie que je me nourris pour bâtir les miens. »
Une vocation plutôt précoce
Quand on l’interroge sur ce qui a pu le pousser à devenir écrivain, Anthony Horowitz nous amène vers sa jeunesse et l’apparition d’une véritable vocation : « J’ai décidé très jeune que je deviendrai écrivain, essentiellement parce que je ne savais faire rien d’autre. J’étais plutôt stupide, j’ai échoué à l’école, les professeurs pensaient que je perdais mon temps dans cet endroit. C’est à ce moment que j’ai découvert que j’adorais les livres, que le seul endroit où j’étais heureux à l’école n’était autre que la bibliothèque. J’étais alors sûr et certain de ce que je voulais devenir. »
Une vocation qui apparaît très jeune et pas nécessairement avec les éléments déclencheurs auxquels on pourrait s’attendre : « Le premier livre que j’ai vraiment adoré et qui m’a poussé vers cette voie de l’écriture, c’était Les aventures de Tintin. J’adorais ces aventures simplement parce qu’à l’époque je n’étais pas suffisamment intelligent pour me plonger dans des livres très sérieux, très longs ! Les gens pensent que Tintin n’est que journaliste, mais il est aussi un peu détective et doit mener de nombreuses enquêtes. C’est après cette heureuse découverte que je me me suis penché sur James Bond et tous les personnages de livres que j’affectionne tant encore aujourd’hui. »
Un rapport si particulier
Rompu à l’exercice d’écriture de livres policiers, Anthony Horowitz n’oublie pas d’évoquer la relation particulière qui peut exister entre un auteur et son enquêteur fétiche : « Le rapport entre Conan Doyle et Sherlock Holmes m’a toujours intéressé. Comment Doyle a-t-il pu détester le grand-père de tous les détectives de fiction alors que le monde entier le vénérait et le vénère encore ? Fleming non plus n’aimait pas du tout James Bond. »
Mais Anthony Horowitz, loin de se tenir à distance de cette relation conflictuelle entre un auteur de polars et son enfant de papier, une relation particulière que l’on retrouve d’ailleurs sous un angle différent dans Comptine mortelle, confesse son propre vécu à ce sujet : « Ce rapport particulier, je le comprends, j’ai failli l’avoir avec Alex Rider. Je l’adore, c’est quand même lui qui m’a fait riche et célèbre dans les librairies. Mais Alex a 15 ans, il en avait 14 quand j’ai commencé à écrire sa première aventure. Pendant ce même temps, j’ai accumulé beaucoup plus d’années que lui … Les jeunes l’adorent, il est fort, il a plein d’aventures, il est beau… Alors oui effectivement, je suis jaloux. Pendant qu’Alex vit toutes ses aventures, moi je reste assis dans ma pièce à écrire. »
C’est en ces mots que la rencontre s’est terminée, juste le temps de quelques derniers échanges avec l’auteur avant de passer à une séance de dédicaces où Anthony Horowitz prit, pour le plus grand plaisir des lecteurs présents, le temps de discuter encore un peu plus avec eux.
Découvrez Comptine mortelle d’Anthony Horowitz aux Editions du Masque et chez Hachette Romans.