
Elle prend son repas, solitaire, et fait la vaisselle alors qu'on entend au loin les musiques de la fête de Midsommar, célébrant le solstice d’été.
Toute la première scène est mimée (la comédienne s'est formée au Conservatoire national d’art dramatique à Buenos Aires et à l’École Argentine du Mime), instaurant une seconde distance à celle que le décor avait installé. Plus tard ce sera elle -méconnaissable- qui fera une apparition surréaliste en interprétant un de ces trolls qui peuplent les contes et légendes scandinaves.
Le metteur en scène a voulu retraduire le texte parce que Strindberg rêvait d’une écriture qui aurait été comme un canevas d’improvisation pour les acteurs. Et de fait on pourrait presque penser par moment que la pièce a été écrite pour ces trois là.

On songera par moment à la folie shakespearienne d'une nuit d'été.
La pièce entière se déroulera dans cet espace, confiné comme un huis-clos étouffant, où les chambres sont conçues comme des placards aux portes coulissantes. Jean et Julie sont animés tous les deux par des rêves d’affranchissement, mais ils sont diamétralement opposés et, une fois les tensions retombées, la jeune femme sera face à un dilemme tragique et cruel.Nils Öhlund a choisi des comédiens exceptionnels pour interpréter les rôles (on peut se demander quel Jean il est lui-même les soirs où il se glisse dans le personnage). Ils se connaissent de longue date. Il était Jupiter dans Amphitryon où Jessica jouait la Nuit alors que les costumes étaient signés de Laurianne Scimeni et que Carolina assistait Guy-Pierre Couleau à la mise en scène. Les deux comédiennes avaient aussi travaillé ensemble sur le Songe qui fut créé au Festival de Bussang.
Nils Öhlund a voulu pointer une mise à nu progressive des personnages une fois que les masques sont tombés. Au début, l’identité sociale et ses codes fixent les rôles. Julie est autoritaire, provocatrice : elle est la maîtresse. Jean incarne la domesticité dans sa présence invisible qui le fait être là pour servir.La jeune femme lui demande de boire en sa compagnie, et va jusqu’à lui ordonner de s’agenouiller et d’embrasser sa chaussure, au cours d'une scène fondamentale qui est reprise sur l'affiche.




Mademoiselle Julie d'August Strindberg - Mise en scène Nils Öhlund
Du 19 janvier au 18 mars 2018
Du mardi au samedi à 21h, dimanche 15h
Avec JessicaVedel (Julie), Carolina Pecheny (Kristin), Fred Cacheux (Jean) en alternance avec Nils Öhlund
Scénographie, Laurianne Scimemi
Costumes, Laurianne Scimemi, assistée de Blandine Gustin
Lumières, Laurent Schneegans, création de Michel Bergamin
Création son, Grégoire Harrer
Relâches exceptionnelles du 30 janvier au 4 février et les 10 février, 13 et 14 mars
Ce spectacle a été créé à la Comédie de l’Est à Colmar le 12 mai 2015
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de André Muller