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A la rencontre des membres de Babelio (24)

Par Samy20002000fr

Avec près de 585 000 utilisateurs, on en croise du monde sur Babelio. Pour que la communauté demeure, malgré son ampleur, un endroit convivial où l’échange est roi, nous avons décidé de vous donner la parole. Comme vous le savez sûrement, le festival Quais du polar se déroulera du 6 au 8 avril, alors Babelio a décidé de se mettre au diapason, et de décréter le mois d’avril, mois du polar ! Voici donc le portrait livresque d’un Babelionaute expert en polar.

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Rencontre avec encoredunoir, inscrit depuis le 6 septembre 2011.

Comment êtes-vous arrivé sur Babelio ?

À vrai dire, je ne m’en souviens pas vraiment. Certainement en cherchant des critiques sur Internet, tout simplement. Et puis j’ai trouvé que c’était un bon moyen de partager les chroniques que j’écrivais pour mon blog, d’échanger avec d’autres lecteurs et de découvrir de nouveaux auteurs.

Quel(s) genre(s) contient votre bibliothèque ?

 Ma bibliothèque, sans surprise, est très fournie en polars – notamment des romans noirs – mais aussi en westerns, un peu en fantastique et science-fiction. Il y a aussi pas mal de classiques, beaucoup de bandes dessinées et un grand nombre d’essais historiques. L’histoire, c’est mon autre grande passion et mon métier.

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Vous lisez beaucoup de roman policier, polar, roman noir. Comment y êtes-vous venu ? Qu’aimez-vous particulièrement dans ces genres ?

Je ne sais pas exactement comment je suis venu au polar. Je crois que c’est une littérature populaire très attrayante, tout simplement. J’ai certainement commencé par des livres des bibliothèques rose et verte, Club des cinq, Fantômette, Alice détective, Les Six Compagnons… j’avais une voisine un peu plus âgée que moi qui en possédait des tonnes et je lui en empruntais régulièrement. En grandissant, j’ai continué à m’intéresser à ce genre. Je garde un souvenir particulier de la lecture des Histoires extraordinaires, d’Edgar Allan Poe, quand j’étais au collège, de divers recueils de nouvelles de Guy de Maupassant – c’est de la vraie littérature noire, Maupassant – et aussi de la découverte, sur les conseils de mon professeur de français de seconde, de Fantasia chez les ploucs, de Charles Williams. J’avais à ce moment-là déjà commencé à me passionner pour le noir après une lecture très marquante, mais je la réserve pour la question suivante.

Ensuite, j’ai commencé à lire aussi Donald Westlake, que j’adore. Comme je suis un tantinet obsessionnel, après avoir lu un premier roman de Westlake – Histoire d’os, en l’occurrence – il a fallu que je trouve TOUS les romans de Westlake, y compris ceux écrits sous ses divers pseudonymes – notamment ceux signés Richard Stark – et qui étaient devenus assez difficiles à trouver chez les bouquinistes que j’ai écumés pendant des années. Comme la plupart des romans de Westlake étaient édités chez Rivages et à la Série Noire, j’ai, de fil en aiguille, commencé à éplucher les catalogues de ces deux maisons et tout un monde s’est ouvert à moi : Elmore Leonard, Jim Thompson, James Lee Burke, James Crumley, Kem Nunn, Allan C. Weisbecker, Tim Dorsey, Harry Crews…

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Donald Westlake

Le polar c’est aussi ça, cette énorme variété de livres et de genres. On y trouve des histoires très sombres, des choses très feutrées, d’autres bourrées d’humour… des tas de façons de parler du monde dans lequel on vit et de son histoire. Bon… il y a aussi une grosse production et tout un tas de livres très mauvais, hein… C’est même certainement la majorité de ce qui est édité aujourd’hui, au gré des modes. Après Thomas Harris, il y a eu la grande mode du thriller avec serial killer qui n’en finit pas de s’autoparodier, utilisant toujours les mêmes ressorts, se complaisant dans la violence gratuite et les scènes insoutenables pour abreuver un lectorat devenu accro aux histoires de psychopathes qui dépècent des femmes en violant des chiots labradors. Et puis après Millénium, la grande mode du polar scandinave qui a permis à un certain nombre d’auteurs médiocres d’être surévalués… aujourd’hui c’est au tour du « rural noir », nouveau label pour tout et n’importe quoi du moment qu’il y a deux ploucs attardés et trois arbres. Au milieu de tout ça, il faut se frayer un chemin et trouver les perles qui se cachent dans le fumier d’Ennius (je dis ça pour montrer que j’ai une culture classique, ça impressionne toujours) : les Daniel Woodrell, Ron Rash ou Gabriel Tallent…

Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Si on exclut la découverte fondamentale des aventures de Jojo Lapin au début de l’école primaire, c’est incontestablement L.A. Confidential, de James Ellroy. Je l’avais emprunté à la bibliothèque de mon village parce que j’avais bien aimé la couverture. J’étais en troisième. Je me suis lancé dans la lecture du bouquin et il y a des tas de choses que je ne suis pas arrivé à comprendre sur le moment, mais je me souviens très bien de la sensation profonde que j’ai eu à ce moment-là de lire quelque chose d’exceptionnel, de totalement différent de tout ce que je connaissais. Je l’ai relu un ou deux ans plus tard et j’ai enchaîné avec le reste du Quatuor de Los Angeles et tous les autres romans d’Ellroy.

Quel est le plus beau livre que vous ayez découvert sur Babelio ?

Je pense que c’est La Peur des bêtes, d’Enrique Serna. Un roman noir mexicain extrêmement âpre mais aussi bourré d’humour. C’est Pecosa, qui m’avait donné envie de le lire. Je vous signale au passage que si vous avez besoin d’interviewer une lectrice sur la littérature hispanophone, vous pouvez vous adresser à elle.

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Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

J’ai relu certains livres un grand nombre de fois, mais je crois que celui que j’ai le plus lu est Florida Roadkill, de Tim Dorsey. C’est une histoire complètement folle de poursuite en Floride. Les personnages sont tous plus dingues les uns que les autres. Je ne m’en lasse pas.

Quel livre avez-vous honte de n’avoir pas lu ?

Je ne connais pas la honte en termes de lecture. Que ce soit pour les livres que je lis (je peux par exemple dire sans rougir que j’adore lire des romans de Lee Child ou Jonathan Kellerman) ou pour ceux que je n’ai pas lus. Mais il faut vraiment que je lise William Faulkner. Tout le monde me dit que c’est génial. Et puis comme un éditeur sur deux, dès qu’il publie un auteur américain, le qualifie de « nouveau Faulkner », il faudrait que je voie à quoi ça peut ressembler, quand même. J’ai déjà acheté les livres. Je n’ai plus qu’à prendre le temps de les lire.

Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Sans hésiter, Triggerfish Twist de Tim Dorsey. Si ce n’est pas celui que j’ai le plus relu, c’est juste parce qu’il est sorti plusieurs années après Florida Roadkill. Dorsey met en scène un personnage récurrent, Serge Storms, qui est un psychopathe schizophrène paranoïaque qui refuse de prendre ses médicaments et qui écume la Floride avec ses amis drogués jusqu’aux yeux. Au passage il zigouille tout un tas de personnes… mais comme il ne tue que des gens détestables, on y prend un réel plaisir. Et puis il le fait avec une véritable capacité d’invention. Il se renouvelle sans cesse. Dans Triggerfish Twist, un promoteur lui a loué une maison en se disant que ça ferait fuir les voisins et qu’il pourrait ainsi racheter leurs maisons à bas prix pour y construire un complexe de luxe. Mais Serge décide de prendre sous son aile un brave père de famille qui vient de s’installer là. Tout cela donne lieu à tout un tas de quiproquos, de rencontres improbables, et c’est extrêmement rythmé jusqu’à l’explosion finale.

Tablette, liseuse ou papier ?

Je n’ai ni tablette ni liseuse. Je n’ai a priori rien contre. Mais comme je n’ai rien pour non plus, je m’en tiens au papier. C’est confortable.

Quel est votre endroit préféré pour lire ?

Ça dépend totalement des circonstances. J’aime lire en général, où que je sois. En ce moment j’aime vraiment bien lire dans le train, mais pour peu qu’il fasse beau la semaine prochaine ça sera peut-être dans mon jardin. Sinon, dans ma bibliothèque.

Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« All things in moderation… including moderation itself. » C’est de Serge Storms, le héros de Tim Dorsey (je vous ai dit que j’étais un peu obsessionnel ?).

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Quelle sera votre prochaine lecture ? Comment l’avez-vous choisie ?

Ça sera Les Ombres de Montelupo, de Valerio Varesi, aux éditions Agullo. Le choix a été assez rapide : ça vient de sortir et je l’attendais depuis un moment. Les éditions Agullo, qui ont tout juste deux ans, ont commencé à publier Varesi dès leurs débuts, avec Le Fleuve des brumes. Ce qui est marrant, c’est que Varesi a un grand succès en Italie, mais qu’aucun éditeur n’a réussi à publier l’intégralité de sa série consacrée au commissaire Soneri ailleurs en Europe. J’espère qu’Agullo fera exception. Les romans de Varesi sont vraiment originaux. Ce sont des romans d’ambiance qui se situent dans le nord de l’Italie et qui ont – pour ce que j’en ai lu en tout cas jusqu’à présent – souvent une trame historique en arrière-plan, de la Seconde Guerre mondiale aux années de plomb. À travers Soneri, Varesi parle de l’histoire contemporaine de son pays ; une histoire qui a encore du mal à passer, que l’Italie n’a pas complètement digérée, et qui suscite encore haines et frustrations. Derrière l’enquête de Soneri, il y a donc cette analyse très fine de la société italienne et de son évolution, et Varesi le fait de manière très émouvante car tout est toujours lié, à un moment ou un autre, à la propre histoire de Soneri.

D’après vous, qu’est-ce qu’une bonne critique de lecteur sur Babelio ?

Une bonne critique, sur Babelio ou ailleurs, c’est une critique qui évite le résumé fastidieux du livre et qui dit ce que le lecteur a réellement pensé du livre en argumentant. C’est éviter les laconiques « C’est un coup de cœur ! », ou « J’ai vraiment adoré » voire le plus rare « J’ai détesté », mais expliquer pourquoi on a aimé ou pas. Bref, c’est prendre le temps de dire les choses. Sans pour autant que ça soit aussi long que le roman, tout de même.

Une anecdote particulière en rapport avec Babelio ?

Je suis depuis quelques années un auteur niçois. C’est un écrivain vraiment très curieux, avec une approche très particulière de l’orthographe, de la syntaxe et de la ponctuation. Il a à sa manière érigé la médiocrité au rang d’art. Et j’aime aller sur Babelio voir les chroniques dithyrambiques qu’il écrit sous divers pseudonymes à propos de ses propres romans.

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Du 6 au 8 avril 2018 se tient le festival Quais du polar à Lyon. Y avez-vous déjà participé ? Y a-t-il d’autres salons littéraires, ayant trait au polar ou non, que vous appréciez particulièrement ?

Oui, j’ai déjà participé à Quais du Polar. J’y vais tous les ans, en fait. C’est une manifestation impressionnante par son ampleur, c’est l’occasion de rencontrer des auteurs exceptionnels au milieu d’un plateau très éclectique et aussi celle de retrouver des amis. D’autres festivals, bien moins exubérants, certes, méritent aussi le détour. Je pense en particulier à Toulouse Polars du Sud, au Festival International du Roman Noir de Frontignan, à Un Aller-Retour dans le Noir, à Pau, au festival Le Polar se met au vert de Vieux Boucau et à mon préféré, Du Rouge au Noir, à Lunel, qui allie roman noir et vin dans une ambiance extrêmement détendue grâce au travail de Delphine, de la librairie AB, et à toute une équipe de bénévoles formidables. Je trouve d’ailleurs qu’on ne parle pas assez des bénévoles qui font tourner tous ces salons. Sans eux, il n’y aurait pas grand-chose. Il faut une bonne dose de passion pour organiser ce genre de manifestation.

Merci à encoredunoir pour ses réponses !

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