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Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 55-56-57

Par Blackout @blackoutedition
Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 55-56-57

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 55

– La seule manière de le prendre, c'était de face. Et passablement jouable à quatre à mon humble avis, mais deux d'entre nous se seraient fait marave à coup sûr. Alors on a fait demi-cercle autour du titan, les bras tendus en guise de rideau, histoire de tenir les clients hors de sa portée. Puis à chaque nouveau coup de battoir, on baissait la tête et le laissait s'épuiser dans le vent. Pour finir Serge arriva, du haut de ses deux mètres, à tenter le règlement à l'amiable : « Allez Roland, déconne-pas ! Redescends maintenant, c'est bon, tout le monde a compris que t'allais pas bien. T'as fait assez de conneries comme ça. Tu sais que je t'apprécie mais si tu continues, on va être obligés de te faire mal... Et je préfère pas en arriver là. » Terrassé, l'ours cacha son museau sous ses grosses papattes et se mit à piauler tel un veau : « elle m'a quitté, la salope ! Beuheuuuuuu... Elle m'a largué comme une merde ! Beuheuuuuuu... La salope ! Salope ! Salope ! Salope !» Du coup, fou rire général côté videurs, et quand Serge le prit dans ses bras pour le réconforter, ce fut le paroxysme de la marrade. On se poilait à s'en faire péter les côtes. Une nouvelle tempête lunaire était passée. – Avec une nouvelle démonstration de poltronnerie. – Tu mets le doigt sur l'étrangeté de la partie, Felicio. Ce que je veux que tu comprennes, c'est qu'en cette maudite soirée de lunaison, quasiment toutes les emmerdes échappèrent à notre contrôle, aussi professionnels et structurés que nous fusse... fute... Ah putain de la chatte à mon père ! Fumes... – Fussions... – Sucions ? – Non, fussions. – Foutre Marie mère du Foutre de Dieu ! Voilà ce que j'en dis.

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Des œillades langoureuses fusèrent et la belle Nina, tourmentée, plongea ses deux agates au fond de son verre vide, en souriant tristement telle une petite fille intimidée face aux attentions paternalistes d'un professeur qu'elle aimerait en secret.

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« Je ne devrais même pas lever les yeux sur toi, Gino. – Pourquoi ? – T'es pas un client comme les autres, ça crève les billes. Gino n'en revenait pas, d'autant plus qu'un type en costume d'ours aboula sa bidoche au club. Il portait le déguisement singulier d'une mascotte de parc d'attractions, muni d'un entrebâillement qui laissait apparaître son visage vineux. C'était un gros en sueur, à la tronche couperosée, titubant tel un pochard. Il s'assit au bar et commanda une vodka glacée. Gino flaira la merdouille à cinq cents diables. Avec toutes les sales histoires de pompeurs de plasma des Carpates, ça daubait le coup fourré, d'autant plus que Nina n'en finissait plus d'enchaîner les cocktails à vingt balles, sans manifester la moindre envie de se rendre en chambre.

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