Quatrième de couverture :
Approchant de la soixantaine, Antoine, directeur de presse, se rapproche de son père, veuf immigré de Sardaigne voici bien longtemps, analphabète, acariâtre et rugueux. Le vieillard accepte le retour du fils à une condition : qu’il lui apprenne à lire. Désorienté, Antoine se sert du plus inattendu des intermédiaires : un jeune prostitué aussitôt bombardé professeur. S’institue entre ces hommes la plus étonnante des relations. Il y aura des cris, il y aura des joies, il y aura un voyage.
Le père, le fils, le prostitué. Un triangle sentimental qu’on n’avait jamais montré, tout de rage, de tendresse et d’humour. Un livre pour apprendre à se lire.
Sébastien Ministru, auteur et acteur de théâtre, chroniqueur de radio, ajoute une corde à son arc en écrivant ce premier roman, sans doute un peu inspiré de ses origines sardes et de son vécu personnel, mais qui est bien une fiction. Son idée d’introduire un personnage de jeune prostitué pour apprendre à lire au père du narrateur est pour le moins originale. Il me faut avouer que j’ai bien aimé ce roman mais que je ne sais trop comment en parler…
J’ai aimé comment, au fur et à mesure que le vieil homme apprend à déchiffrer les mots, les phrases, son histoire et celle de son fils remontent à la surface alors que les deux hommes se sont éloignés l’un de l’autre par la difficulté, voire l’impossibilité de communiquer, par les non-dits, par le ressentiment. Ces souvenirs sont touchants, bien que ni le père ni le fils ne soient spécialement sympathiques : le vieux est acariâtre, indélicat, le fils est souvent cynique. C’est l’introduction du troisième personnage, le jeune homme qui se prostitue pour améliorer ses fins de mois tout en poursuivant ses études d’instituteur, qui fait évidemment bouger les lignes. Parallèlement le couple que forment Antoine (le narrateur) et Alex évolue lui aussi. On sent bien l’influence du théâtre, milieu « naturel » de Sébastien Ministru, à travers ce procédé du triangle de personnages et à travers les dialogues incisifs. Mais il s’agit bien d’un roman, mené jusqu’à une fin qui le clôt élégamment. Il m’a manqué un peu d’émotion pour être vraiment emportée par ce premier roman mais ne manquez pas cette lecture fine et lucide, sans concessions.
« Sa vie et ses premières années passées à avoir peur seul dans la montagne n’avaient forcément rien d’héroïque, rien qui mérite qu’on puise la matière à construire un roman. Au plus profond de moi, je pensais que mon père ne pouvait pas intéresser les livres. »
Sébastien MINISTRU, Apprendre à lire, Collection Le courage, Grasset, 2018
C’est une lecture commune avec Marilyne – et mon quatrième billet qui commence par A
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