Jean Grae/Quelle Chris « Everything’s Fine » @@@@½

- Hip-Hop/Rap

Jean Grae/Quelle Chris « Everything’s Fine » @@@@½

Sagittarius Laisser un commentaire

Sûrement le projet hip-hop indépendant le plus énigmatique de cette année 2018. La très talentueuse rappeuse-productrice Jean Grae et le très talentueux rappeur-producteur Quelle Chris forment un couple le temps d’un album chez Mello Music Group et qui s’appelle Everything’s Fine. OK, on se colle un sourire sur le visage et c’est parti parce que ça va être super bien. Vraiment?

… Parce qu’à première vue, tout semble aller au plus mal. Les instrus sont franchement bizarres, les deux rappeurs ont des flows difficiles à cerner, les situations anormales et en plus de ça il y a des comiques au casting (Ashok “Dap” Kondabolu, Michael Che, Nick Offerman, Eric Andre et Hannibal Burress). « On a une tête de bite comme président, et avant nos yeux, il y a un recul de nos droits sur les questions raciales, religieuses et sexuelles, déclare l’intéressé masculin.  L’argent est toujours un souci, il y a la guerre dehors, des gamins deviendront malades, mais si je demande à une personne au hasard ‘comment ça va?’, la majorité des gens diront ‘bien' ». 

Effectivement, tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais qu’il fasse soleil ou que l’armaggedon surgisse à nos fenêtres, Everything’s Fine sera toujours un album génial et ultra-créatif. Il suffit de se retourner la cerveau pour adhérer. Ne serait-ce que ce que les deux clips qui suivent:

Et c’est Quelle Chris qui a entièrement réalisé les designs 16-bits pour « Zero« ! Voilà déjà une belle dose d’ironie, d’auto-dérision, de kitch et de références pop, gros fuck sur le conformisme ambiant. « Cet album est rempli de nos pensées, de nos coeurs, de notre amour pour la production, les mots, le flow et beaucoup de musicalité, ajoute l’interprète féminine. » La voix de Quelle Chris se font souvent dans l’instrumental comme une voix-off tandis que Jean Grae change de visage titre après titre, l’un semble blasé de la life tandis que sa concubine imaginaire joue toujours de son humour ravageur et son sens inné du second degré.

L’ambiance sonore est très caractéristique des sorties indé, c’est pour le moins expérimental mais c’est aussi ce qu’on recherche avec ce type d’album, quelque chose d’inhabituel. Le contraire aurait dérogé au concept, et bien qu’ils se partagent la production, le duo réalise un travail fouillé et cohérent. « On n’approche pas les thème, les problèmes, l’écriture ou faire des beats de la même manière, ajoute Jean. Je suis sévère, grossière, rapide, technique, j’arrange classiquement et je joue plus que je ne sample. Je fais des morceaux avec 80 assemblages, couches après couches après couches. Quelle [Chris] est plus patient, plus bienveillant, plus détaché et minimaliste. Il fait des sonner des trucs ensemble qui n’auraient jamais du putain de marcher. Comment? J’en ai aucune idée. » On a droit à des tas de curiosités, des tracks très sales, comme « My Contribution to this Scam » et « Scoop of Dirty » avec Your Old Droog, l’indescriptible « Peacock« , entre lignes de synthé continues et beat synchronisé sur les battements cardiaques, des beats qui nous écrasent au sol tel que « House Call » feat Big Tone et Anna Wise qui participent merveilleusement bien à la vibe très p-funk (vous avez bien lu)… sans parler des singles qu’on a découvert à travers les clips (« Gold, Purple, Orange » et « Zero« ).

Il se passe des trucs complètement dingues sur Everything’s Fine, et Anna Wise, la chanteuse révélée sur To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar, y contribue à sa manière en magnifiant de sa présence les deux derniers titres « Waiting for the Moon » et le magnifique « River« . Personnellement, je n’ai pas écouté un projet cross-over qui sortent autant de l’ordinaire et démentiel depuis………………………………………………………………… Madvillainy?