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Fugitive parce que reine (Violaine Huisman)

Par Alexandra

104 Fugitive parce que reine Violaine Huisman

Le livre commence par "Le jour de la chute du mur de Berlin, l'année de mes 10 ans, tandis que défilaient sur les écrans du monde entier des images d'embrassades, de larmes de joie, de bras déployés en signe de victoire, ...".

 

Assister à l'allégresse des bonheurs collectifs quand votre infinitésimal univers personnel s'écroule vous plonge à jamais dans une prison de solitude. Et je me demande combien de vies il nous faut pour en sortir et accueillir notre insignifiance avec gratitude.

J'ai lu les deux premières parties de ce roman avec lenteur et difficulté. Tant d'amour, tant de peine, tant de folies, tant de normes, tant d'aisance, tant de gênes, tant de luxe, tant de luxure. De très belles critiques fleurissent la toile pour saluer ce bouleversant premier roman autobiographique. Je décide donc de m'abstenir, parce que je ne dirai rien de nouveau, et parce que j'ai dévoré la troisième et dernière partie, qui m'a laissée ko debout. Je repense au roman magnifique de Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit, qui m'avait aussi épuisée psychologiquement.

J'ai mal au ventre. Le chagrin m'étreint le cœur. Ma gorge est sèche. Je voudrais embrasser ma mère avec la tendresse qu'elle ne m'a jamais prodiguée et dont aujourd'hui encore je suis ignorante. Je voudrais remercier l'âpreté du destin qui, finalement, est toute relative, puisque nous avons échappé à l'institut médico-légal.

Et je me demande …

Quelle femme d'aujourd'hui, autour de la cinquantaine, née des libertés juste gagnées des années 60-70, n'a pas vécu des bouts de l'enfance de Violaine Huisman ? Quelle femme d'aujourd'hui a bien pu échapper à la détresse de sa mère de ses 20 ans à ses 45 ans ? Quelle femme de la seconde moitié du XXé, belle, intelligente, sensible, singulière a pu endiguer, à corps et à cris, l'impérieuse exigence de sa vie intérieure ?

Si je n'apprécie guère les #balance ton porc comme autant de révoltes désordonnées pouvant nuire à leur juste cause, j'y reconnais les prémisses de la nécessaire lutte de la femme contre son destin kafkaïen de rébellion-soumission. Prisonnière des animus hérités de toutes les premières femmes de sa vie, mère, tante, grand-mère, …, admirée ou conspuée par des hommes guère plus vaillants avec leur anima, comment ne pas devenir maniaco-dépressives ?

Punir la femme qui punit l'homme qui punit la femme. Qui donc a commencé ? Est-ce la question centrale ? Elle doit être d'importance puisqu'elle s'immisce dans la culture ambiante. Je connais un homme capable d'avoir confondu sa femme avec toutes les autres, et l'avoir épuisée puis quittée au nom de tous les hommes victimes de toutes ces femmes.

Je ressens la brutalité d'une grande fatigue intérieure. Où cela s'arrêtera-t-il ? Quand cesserons-nous de confondre femme et féminin, homme et masculin ? Quand comprendrons-nous qu'emprunter ce chemin merveilleux de la complétude nous impose de savoir accueillir auprès de nous l'autre comme le reflet de notre évolution en devenir et de grandir ensemble ?

Je veux me réjouir pour nos filles qu'elles grandissent plus dans ce siècle que dans le précédent. Et qu'elles réalisent que les libertés gagnées sont fragiles, à l'heure où des pays font reculer leurs droits à l'avortement, où d'autres les astreignent encore aux mariages forcés, aux punitions à l'acide, aux excisions, aux voiles de toutes sortes, …. Ma jeune ado de 15 ans s'est offert le livre "Femmes qui courent avec les loups. Histoires et mythes de l'archétype de la Femme Sauvage", de Clarissa Pinkola Estés. C'est un signe d'espoir pour moi.

Et d'en revenir à mon unique responsabilité d'être humain, celle de faire émerger ma vie intérieure et de la vivre.

Quelques informations pratiquessur ce livre.

 

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