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Michaël Borremans : L’étrangeté du sublime

Par Artbruxelles
Michaël Borremans : L’étrangeté du sublime

The Angel, Courtesy Zeno X Gallery Antwerp© Photographer Dirk Pauwels

On dit de lui qu’il est le plus talentueux de notre époque. Bozar présente une rétrospective consacrée au génial peintre et artiste conceptuel belge au travers d’une centaine de peintures, dessins et vidéos.

« Michaël Borremans nous propulse dans un espace où le temps a été annulé » commente le commissaire d’exposition Jeffrey Grove. Dans cet univers peuplé de personnages figés, passé, présent, futur n’ont plus aucun sens. Face à ses peintures, l’interrogation est de mise. Qui sont ces être humains aux allures d’automates portant le parfum de l’ambiguïté ? Aucun d’eux n’osent poser le regard sur nous, les yeux souvent baissés, parfois fermés, l’artiste aime à mettre en scène l’homme moderne, celui qui se croit libre mais qui au contraire est asservi par la société qu’il a lui-même créé. Vidés de toute humanité, les sujets deviennent des objets, des choses tristement subordonnées. Contradiction, spiritualisme, théâtralité et palette feutrée constituent la quintessence du travail de Borremans.

Michaël Borremans : L’étrangeté du sublime
Michaël Borremans : L’étrangeté du sublime
Michaël Borremans : L’étrangeté du sublime
Michaël Borremans : L’étrangeté du sublime

Bizarre vous avez dit bizarre? 

« The Avoider », une monumentale toile de plus que quatre mètres de haut ouvre la marche. Qualifiée de « christique » par l’artiste, l’œuvre représente un homme portant une tenue à la fois élégante (foulard de soie) et débraillée (pieds nus et sales), debout, perdu dans ses pensées. A cette drôle de scène s’ajoute la présence d’un mystérieux bâton de bois. Berger ou dandy? On l’ignore…Lui faisant suite, une série de petits et moyens formats dépeignant des personnages de dos ou de trois-quarts, empreint de sensualité révélant subtilement mais sensuellement une nuque ou comme dans « The Ear », une oreille blessée. « Sleeper » représente une petite fille assoupie, dont la beauté pâle et morbide suggère qu’elle a rendue l’âme. Dans « The Devil’s Dress », un homme nu et étendu à même le sol porte une robe rouge en carton. Par son intitulé évocateur, Borremans brouille encore une fois les pistes en nous amenant à focaliser sur l’aura diabolique se dégageant de cette robe à la matière peu conventionnelle. D’un point de vue technique, le coup de pinceau à brosse longue nous rappelle la pratique des grands maîtres notamment celle du grand Velasquez. Les sujets eux sont souvent inspirés directement d’Edouard Manet pour qui il voue une grande admiration. C’est après plus de quinze années passées à produire des œuvres que l’artiste prend conscience qu’il s’essouffle progressivement et n’arrive plus à créer dans cet atelier « hanté par les fantômes ». Borremans – en quête d’un second souffle – part en 2012 à la recherche d’un nouvel endroit et finit par investir une chapelle désaffectée. L’aspect sacré des lieux où il dit « s’adresser à la Vierge et à ses pinceaux pendant qu’il y peint » lui inspire une série de tableaux à l’iconographie chrétienne, comme en témoigne l’impressionnant « The Angel ». Mesurant plus de trois mètres de haut, un personnage androgyne représenté débout dans une belle longue robe rose, bras ballants, tête baissée et visage couvert de cirage noir, nous hypnotise tant par l’illogisme des éléments que par la facture picturale captivante de perfection. Oui, Michaël Borremans compte bien parmi les artistes vivant les plus brillants du 21ème siècle. Divinement hypnotique.

( article datant de 2014)

« Michaël Borremans. As sweet as it gets », Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles. Jusqu’au 03 août 2014


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