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Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 58-59-60

Par Blackout @blackoutedition
Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 58-59-60

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 58

– Luc a refermé la porte derrière moi et j'ai demandé au gars ce qu'y me voulait. Avec indifférence, il a sorti un feu de son falzar et me l'a méticuleusement posé sur le front. – Jésus-Marie ! – J'étais bleu comme une crêpe. Alors j'ai tenté de faire pleurer Margot : « Fais pas le con, steup', j'ai deux gamins... Pitié... Je comprends pas pourquoi tu fais ça... T'as bourré la gueule à un connard, je sais... Mais mets-toi à ma place, j'ai pas le choix dans ces cas-là, c'est mon job. J'ai rien contre toi... » – Pour une fois, je comprends que t'aies chié dans le ben. – Il me fixait dans le blanc des yeux d'un air déterminé. Luc était statufié. Puis il m'a lancé : « Je vais te fumer, chien de gâvur ! » – T'es pas en train de te payer ma tronche, Kalache ? – Absolument pas. Je te le jure sur ma berdouillette. – Et ça veut dire quoi, « gâvur » ? – Un ami m'a expliqué que ça voulait dire « infidèle » ou « mécréant », un truc du genre. – Un chrétien, quoi. – Ouais, j'crois. – T'es aussi chrétien qu'une putain moldave. – Ô les moldaves sont très cathos, Felicio, surtout les putes. – Il était sacrément con, ton ottoman. – Non, il avait raison : je suis une saloperie d'enculé.

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Les deux slovaques traînèrent l'épave aux vécés, où ils lui rincèrent la cafetière à grande eau jusqu'à ce que l'hémorragie cesse. Puis ils lui bandèrent la tronche avec du torche-cul et le lourdèrent dans le premier taxi venu, direction l'hôtel de pérégrin dont l'adresse était inscrite sur une facture de son larfeuille.

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Tandis que la fille goupillait la location d'une chambre à l'étage, le cent-kilo continuait de chambrer Gino, le museau ruiné par l'alcool et le bide en avant, déterminé à chiquer. Puis vu ksa répondait pas, le Rosbif passa la seconde et se mit à dégobiller les pires insultes qu'il connaissait. Mais le Français s'efforçait de garder son calme. Il tourna le dos à l'importun et s'appuya des coudes à une table ronde, histoire de laisser la bouche d'égout se déverser sur son échine. Mirko, qui zyeutait ce manège inquiétant du coin de l'œil, n'eut guère le temps de réagir. En deux coups les gros, Gino craqua et prit la direction des goguenots, suivi de près par la motte de saindoux britannique. Les deux bagarreurs disparurent un instant derrière un pan de mur, quand soudain la clientèle effarée vit le durillon de comptoir voler sur quatre bons mètres et péter sa tête de con sur la tranche du bar. Un coup de poing d'une fraction de seconde et c'en était fini du pochard hooligan. Le choc avait été si brutal, si furtif et si déroutant que ses jambes flageolantes ne purent contenir l'élan colossal du pruneau. Seule l'arrête du zinc put stopper net la projection du gras double, entaillant son visage de la tempe droite jusqu'au menton.

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