6 ans et demi depuis hier… Mon ainée qui grandit tout en discrétion, souvent éclipsée par sa tornade de petite soeur… Quand je revois les photos de toi bébé j’ai l’impression que c’était il y a une éternité. On t’a tant attendue, y compris quand tu as décidé de prolonger ton bail de quelques jours, avant d’être plongés dans la vie de parents (a fortiori de parents d’un bébé RGO, mais ce n’est pas le sujet)… Et puis le temps a passé, en un éclair, et on est là, 6 ans et demi après.
J’ai peu de souvenirs de nos premiers mois ensemble, ou plutôt, je choisis de n’en garder que quelques uns. Le baby blues, la fatigue, le reflux, tout ça ce ne sont pas des choses très gaies alors je préfère regarder les photos de toi dans les rares moments paisibles, les premiers sourires, les gazouillis, les siestes sur maman ou papa (les nuits aussi, mais ça on ne l’a pas pris en photo !). Je me souviens qu’à 6 mois environ, tu étais un amour de bébé, et qu’à 1 an tu me manquais affreusement pendant mes longues journées au bureau. Je me souviens de tes 2 ans, de ta bouille toute ronde, de ce moment où tu as su que tu allais être grande soeur. Pas facile de comprendre à 2 ans et demi et puis… à même pas 3 ans tu étais déjà catapultée au rôle de « grande » et tu n’étais plus un bébé. C’est marrant de voir qu’au même âge, ta soeur me parait plus petite alors qu’elle fait bien 5 cm de plus en comparaison !
Tous les 11 du mois, je pense à toi un peu plus fort. Y compris à l’anniversaire de papa (désolée chéri), parce que j’ai compté les mois pendant un long moment, jusqu’à ce que ce soit trop compliqué (ou que ta soeur débarque ? je ne sais plus). Tous les jours, tu continues de grandir et d’apprendre à la vitesse de la lumière, comme tu l’as toujours fait. Déjà 8 dents de tombées, déjà le CP, déjà tu sais lire, écrire, compter jusqu’au moins 100… Parfois je suis nostalgique mais j’avoue que tu as poussé comme une jolie plante, tu t’épanouis malgré les heurts et j’aime à penser qu’on a plutôt bien fait notre job.
Malgré les couacs du début, les moments où on ne comprend plus, les prises de becs et tes crises tout court, les miennes aussi… On garde ce petit bout de fusion si caractéristique de notre relation. Tu es mon premier bébé, ma première fierté, et tu grandis sans aide, ou presque. Tout est si fluide avec toi, pas toujours certes, mais je me rends compte de la chance qu’on a. Toutes ces embûches pour t’avoir, ce long chemin pour que tu arrives enfin… Ça avait certainement un sens puisque ça nous a mené jusqu’à toi, et toi jusqu’à nous. Tu as été celle qui a fait de nous une famille, et j’apprends tous les jours avec toi.
Ce matin encore tu m’as fait réfléchir et je me suis rendue compte que tu avais beaucoup de sagesse pour 6 ans et demi. Peut être pourrais-tu m’apprendre ? On se plaint, on ne voit que le négatif et parfois on en oublie quelle extraordinaire petite fille tu es. Unique, mon petit miracle, même si parfois je le perds de vue.
J’appréhende ce moment où tu ne voudras plus me tenir la main, où tu ne voudras plus m’embrasser devant l’école tous les matins. J’essaie de profiter un maximum de tes câlins, je collectionne tes cartes, lettres d’amour et tes dessins. Je m’extasie sur tes progrès, je rougis de fierté en lisant tes bulletins, je m’inquiète quand je te vois te fermer et ne pas me parler. Je frémis souvent en ayant l’impression que tu me ressembles un peu trop : perfectionniste, sensible, tu manques parfois de confiance en toi. Et puis tu me rassures en me montrant que tu crois en toi, et je chasse de mon esprit cette peur du mimétisme.
Tu as 6 ans et demi et j’aimerais vraiment profiter du moment présent, avec toi. Nos moments rien qu’à deux sont toujours précieux pour moi, et j’ai besoin de toi autant que toi de moi. Tous les jours tu m’épates et tous les soirs quand je viens te border je passe de longues minutes à contempler ton visage endormi. Et c’est magique : dans ces moments-là tu n’as plus 6 ans et demi… Tu retrouves ta bouille et ton expression de bébé apaisé, et me renvoie des années en arrière.
J’aimerais avoir la solution pour avoir plus de patience avec toi, plus d’empathie, moins de cris. Je me rends bien compte que je suis parfois trop dure et que j’en attends trop de toi : tu nous a tellement habitués à être « la grande » qui pousse toute seule… que j’en oublie que tu n’as que 6 ans et demi.
Alors depuis hier je te regarde un peu différemment, sous un nouveau jour peut être… Une demi année, ce n’est pas grand chose et pourtant tu en es très fière de ce nouvel âge !
Et moi … je suis tout simplement très fière de toi.