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Angie Thomas : The Hate U Give, La haine qu'on donne

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

The Hate U Give : La haine qu'on donne de Angie Thomas   5/5 (30-01-2018)

The Hate U Give : La haine qu'on donne (493 pages) sort le 5 avril 2018 aux Editions Nathan (traduction Nathalie Bru).

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L’histoire (éditeur) :

Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police. Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes. 

Mais tout vole en éclats le soir où son ami d'enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s'embrase, tandis que la police cherche à enterrer l'affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu'elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère ; et à redresser la tête.

Mon avis :

Attention, attention, publication ado/jeune adulte à ne rater sous aucun prétexte !!!

« Tupac disait que le nom de son groupe « Thug Life », la vie de gangsta, ça voulait dire « The haute U Give Little Infants Fucks Everybody », la haine qu’on donne aux bébés tout tout le monde en l’air. (…)

Ecoute bien. The Hate U- « You », mais avec la lettre U- Give Little Infants Fucks Everybody. T-H-U-G-L-I-F-E.  ce qui veut dire que ce que la société nous fait subir quand on est gamins lui pète ensuite à la gueule. Tu piges ? »

Page 25

Starr Carter, 16 ans, est une gamine comme les autres. Elle aime s’habiller (et adore les baskets en particulier), pratique du sport (le basket-ball), va au lycée (elle est inscrite depuis 6 ans à Williamson dans un lycée privé à 45 minutes de chez elle), a un petit copain (Chris, avec qui elle sort depuis 1 an), a des copines (Maya et Hailey) et une famille aimante (Lisa, la mère infirmière et Maverick, dit « Big Mav », qui tient une petite épicerie depuis 7 ans).

Starr Carter est une jeune fille comme les autre, à un détail près : elle vit à Garden Heights, un champ de bataille, un lieu où les gangs exercent leur pouvoir, où la guerre des territoires est régulière et particulièrement violente, où la police n’a aucun état d’âme et se montre aussi meurtrière que les gangs, un lieu où évidemment rien n’est simple.

Starr Carter a toutefois la chance d’avoir des parents conscients des failles et des dangers omniprésents dans leur quartier et qui font de leur mieux pour tente d’en éloigner leurs enfants. C’est donc pour ça que Starr partage sa vie entre deux mondes :

- Celui de Garden Heights, le « ghetto », l’endroit où elle vit. Un endroit, qui malgré la violence, qu’elle aime, où elle a ses attaches et qui se révèle d’une grande richesse

« Les gens par ici ne sont pas bien riches, mais ils s’entraident autant qu’ils peuvent.  Une famille bizarre et gravement dysfonctionnelle, mais une famille quand même, quoi. Jusqu’à récemment, je ne m’en étais pas vraiment rendu compte. » Page 364

- celui de Williamson, son école, quartier des bourges blancs dans lequel elle arrive à se faire une petite place malgré tout, à la manière de Will Smith dans le prince de bel air.

Et c’est en naviguant d’un extrême à l’autre qu’elle est en quelque sorte devenue une double personne, cloisonnant ses deux vies

« Seigneur. C’est tellement fatiguant d’être deux personnes différentes. Je me suis façonnée deux voix différentes et j’ai appris à trier ce que je disais en fonction des gens à qui je m’adressais. Je suis devenue une pro. J’ai beau dire que je n‘ai pas à choisir qu’elle Starr je suis avec Chris, peut-être que sans m’en rendre compte, je dois pourtant choisir. Quelque chose en moi à l’impression de e pas pouvoir exister e compagnie de gens comme lui. » Page 333

«  « Eux » avec un grand E. Il y a « Eux » et il y a « Nous ». Des fois, Eux on dirait Nous, et ils ne se rendent pas compte qu’ils sont Nous. » Page 379.

Jusqu’à ce qu’un nouveau drame frappe à sa porte. Après avoir perdu sa meilleure amie lorsqu’elle avait 10 ans, c’est au tour de Khalil, son ami d’enfance, de mourir brutalement. Starr Carter, ado noire intelligente et courageuse (même si elle manque de confiance en elle, comme quasiment tous les ados de son âge), va alors entrer en combat pour que justice soit faite, pour que justice soit juste, pour que justice ne soit plus à double niveau.

Angie Thomas est une grande dame de la littérature adolescente ! Elle excelle dans l’art de nous entrainer dans cet univers qu’elle décrit si justement, sans aucun stéréotype. Les dialogue sont riches, réalistes (l’argot se révèle parfois même difficile à comprendre lorsqu’on est loin de cet univers), tantôt grave tantôt drôle (l’échange entre Chris et Devante est par exemple à mourir de rire page 438 sur la différence noir/blanc) mais toujours, toujours avec bon sens et surtout ce ton si parfaitement approprié et exploité. J’en profite d’ailleurs pour saluer le travail de la traductrice qui est très bien rendu le livre dans sa version française (et ce n’était pas gagné d’avance !).

The Hate U Give n’est pas seulement un regard critique sur les traitements des noirs aux état unis (que l’on peut évidemment étendre au reste du monde), sur ces nombreux cas de légitime défense derrière la police se cache pour justifier des bourdes et surtout des cas d’« homicide » en lien avec les préjugés raciaux, sur les justice pénales à deux niveaux et sur le racisme institutionnel…

« La vérité jette une ombre sur la cuisine : les gens comme nous dans des situations comme ça deviennent des hashtags mais obtienne rarement justice. Et pourtant, je crois qu’on attend tous ce jour. Le jour om ça finira bien. » Page 69

The Hate U Give est un excellent livre qui des tensions raciales, mais aussi de la famille, de l’adolescence (des amitiés et des petits copain), de la vie scolaire….  The Hate U Give est un roman actuel très entraînant (ne vous laissez pas impressionner par ces 493 pages, l’écriture d’Angie Thomas a beaucoup de rythme et les évènements s’enchaînent très agréablement sans temps morts). Il colle si bien (autant dans les fais que dans les dialogues) à notre époque qu’on est dès le début totalement immergé dedans.

Quant à Starr, c’est un personnage très attachant et un modèle à suivre, parce que malgré les doutes et les obstacles, elle fait face à l’adversité avec ses petites armes, elle choisit la voie la plus difficile mais la plus juste.

The Hate U Give est un titre porteur de beaucoup d’espoir. Malgré de nombreux aspects terribles parce que hyper réalistes, toujours d’actualité et difficile à mettre en branle, les personnages se révèlent lumineux et positifs : Rosalie, la grand-mère malade qui a passé sa vie à aider les siens, Brenda, une mère toxico qui arrivera malgré tout à faire de bons choix, Big Mav, un ex Black Panthère…. Bref, ce n’est franchement pas rose, voir assez sombre, mais la lumière n’est pas si loin pour celui qui veut la voir…

En bref : un excellent divertissement, riche en émotions, poignant même, mais avant tout un regard social et politique à mettre entre toutes les mains et particulièrement des plus jeunes. The Hate U Give est une voix qu’il est important d’entendre !

Très vite  l’avis de Nina, 14 ans, qui est en ce moment plongé dedans…affaire à suivre !


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