J’alimente depuis quelques années une liste d’auteurs et de titres : suggestions d’amis, articles de journaux, émissions littéraires. Une liste qui s’allonge inexorablement. J’en ai fait le décompte : 113 écrivains et je ne sais combien de titres ! Lorsqu’il m’arrive d’acheter ou d’emprunter un de ces livres, j’ai très souvent oublié l’origine de la recommandation, l’auteur m’est parfois totalement inconnu et j’ignore tout du propos du livre. C’est bien ce qui s’est passé lorsque j’ai emprunté La dent du serpent de Craig Johnson à la BANQ*. C’est un peu comme prendre au hasard un bouquin sur une étagère de librairie, comme un blind date. Une bien belle rencontre.
À la fois sensible et téméraire, l’attachant shérif est entouré d’originaux et détraqués, que ce soit Victoria Moretti, sa jeune, jolie et féroce adjointe, Double Tough, dur à cuire comme le laisse supposer son surnom, Orrin Porter Rockwell, une tête fêlée convaincue d’être un personnage historique de deux cents ans et un Indien connu sous le nom de la Nation cheyenne, pour n’en citer que quelques-uns. Longmire, en bon descendant de cowboy, ne fera pas les choses à moitié. Il va y avoir de la casse. Il se sert plus volontiers de ses poings que de son arme. Et des armes, il y en a beaucoup. Par moment on croit entendre en sourdine le thème musical d’Il était une fois dans l’Ouest.
Craig Johnson ne se perd pas en explications dans les transitions entre les scènes et il oblige le lecteur à être alerte. Je me suis égarée à l’occasion, je ne suis pas certaine d’avoir clairement compris l’arnaque en question, mais j’ai beaucoup aimé ce roman pour ses relents de western, pour les panoramas dépaysants de cette région des États-Unis que je n’ai jamais visitée, pour le caractère pittoresque et attachant des personnages, pour le style original de l’auteur. Un captivant polar.
Craig Johnson, La dent du serpent, Gallmeister, 2013, 278 pages
*Bibliothèque et Archives nationale du Québec