Voici un gaillard qui est assez avare d’apparitions. Il aura fallu attendre dix ans entre le premier et seul disque de son groupe Lift to Experience et son premier effort solo. Sept ans sépare à nouveau ce « The Straight Hits ! » du précédent. « The Texas Jerusalem Crossroads » qui a récemment été réédité et remastérisé est en train d’acquérir un mini statut de disque culte. « Last of the Country Gentlemen » a ensuite démontré que le bonhomme était aussi capable de débrancher l’électricité sans que ses chansons perdent de leur force émotionnelle. Ce nouvel album vient une fois de plus brouiller les pistes, car c’est la première fois qu’un album de Josh T. Pearson sonne un tant soit peu « fun ». Le chanteur fait le crooner de supermarché, crie, miaule, s’amuse. Les fans de la première heure, plus adeptes de musique dite sérieuse, pourront le déplorer. Des titres comme « Loved Straight to Hell » devrait pourtant leur faire passer des frissons dans le dos. Et que dire du sublime « You Set Me Straight », impressionnant étalage de la palette du monsieur, qui s’envole très haut ? Je trouve qu’au contraire le chanteur y gagne en profondeur et en intérêt. Preuve que Pearson est joueur : il s’est fixé quelques contraintes pour ce nouveau disque, notamment que chaque titre de chansons contienne le mot « straight ». Pearson est-il revenu dans le « straight » chemin ? Personnellement, il s’est rasé sa longue barbe et semble aller mieux. Musicalement, on est encore loin de l’autoroute. Son style n’a jamais été aussi personnel. Qui pour proposer une musique mélangeant aussi intelligemment un siècle de musique américaine : du gospel, du blues, de la country, du Jeff Buckley, des murs de guitare, de la folk ultra délicate ? Pearson est un génie. Il fait peu de disques mais à chaque fois, il vise juste. « The Straight Hits ! » est une fois de plus un disque qui nous suivra un bon bout de chemin. Les morceaux ne sont pas des hits, car les hits correspondent aux modes. La musique de Pearson est indémodable. Chapeau, l’artiste !