Magazine
Depuis fin mars, plusieurs Irakiens participent à un sit-in sur la place Clairefontaine. Jour et nuit, ils sont là, pacifiques et sereins, cherchant à attirer l'attention des passants et des autorités sur leur situation. Arrivés au Luxembourg en 2015, fuyant un pays en lambeaux, meurtri par la guerre, ils ont introduit une demande d'asile au Luxembourg, mais la plupart ont reçu une réponse négative de la part du ministère de l'Immigration et de l'Asile. Raison invoquée : "l'Irak n'est plus en guerre, c'est un pays sûr". Ils ont beau expliquer que le pays est sous la coupe de plusieurs milices violentes et qu'une vie normale n'y est pas envisageable, rien n'y fait, la procédure est bloquée. Mais on ne menace pas pour autant de les expulser, on les laisse flotter dans une sorte de brouillard indéfini. On leur dit "en attendant, cherchez à vous intégrer, cherchez un travail".
Comme Samer me l'a expliqué, comment peuvent-ils trouver un emploi s'ils sont effectivement sans papiers ? Ils ont pourtant suivi des cours de français et de luxembourgeois et leurs enfants vont à l'école. Mais aucune certitude de quoi que ce soit pour l'avenir, juste des démarches administratives et une attente d'ils ne savent pas trop quoi.
Leurs qualifications sont pourtant notables : l'un est ingénieur civil, un deuxième est pharmacien, un troisième ouvrier métallurgique et un autre encore pharmacien. "Nous ne demandons pas l'aumône, nous voulons travailler et participer au dynamisme économique du Luxembourg."
Samer tient encore à souligner le grand esprit de solidarité des Luxembourgeois : depuis que ses amis et lui sont sur cette place, chaque jour ils reçoivent non seulement des messages de soutien, mais aussi des dons divers, des aliments, des couvertures, du matériel de camping.
"Nous sommes une seule grande famille humaine. Nous pouvons nous soutenir les uns les autres."