J’étais une fan finie de Wallender. J’ai aussi adoré les livres dont le célèbre inspecteur n’était pas le héros. Les reportages et commentaires qui ont marqué la mort de Henning Mnakell ont fait de moi une grande admiratrice de l’homme. La lecture du très touchant Sable mouvant a encore accru tout le bien que je pense de lui.
Il aborde les grandes questions existentielles, telles que celle du temps, de la mort, de la continuité et de la transmission.
C’est là une des injustices les plus flagrantes du monde dans lequel nous vivons, que certains aient le temps de réfléchir alors que d’autres n’en ont pas le loisir. Chercher le sens de la vie, cela devrait être inscrit dans les droits fondamentaux de l’homme.
Le ton, tout comme le style, est sobre, grave, sans jamais tomber dans l’amertume ou le désespoir. Les innombrables questions qu’il formule et auxquelles il ne trouve pas de réponse nous révèlent un être d’une grande sensibilité, conscient, lucide. Sable mouvant n’est pas un traité philosophique ni scientifique, mais la réflexion tout à fait accessible d’un homme dont la mort probable vient de se dresser devant lui, forçant l’arrêt, le bilan, mais le bilan d’un vivant qui n’a pas dit son dernier mot.
Malgré l’espoir qu’il a voulu mettre dans la réussite des traitements, Mankell n’a survécu que deux ans et demi à l’annonce de son cancer. Il est mort le 5 octobre 2015 à l’âge de 67 ans, laissant derrière lui une œuvre considérable, soit plus ou moins 28 romans, dont 12 mettent en scène l’inspecteur Wallender, 7 œuvres jeunesse, 26 pièces de théâtre. Et tout un monde imaginaire qui lui survivra longtemps.
Henning Mankell, Sable mouvant, Éditions du Seuil, Collection Points, 2015, 374 pages