
Son World man bio est une compilation de sketchs qui n'avaient pas de lien entre eux jusqu'à ce que Karim Bouziouane l'aide à construire une histoire.
Le metteur en scène est davantage habitué aux plateaux de 20 comédiens qu’à un onze man show. Mais il a écrit pour Fluide glacial et il a vu en Jay un voyageur dans l’âme, une spécificité qu’il a voulu révéler au public : tu as dix ans de baroud, fais nous voyager !
Le spectacle se termine sur une évocation du chamanisme dont malheureusement je ne peux rien dire parce que j’ai du partir exceptionnellement avant la fin.
La première partie est la plus légère mais on sent malgré tout que l’artiste pose sur le monde un regard grave, particulièrement sur les modes de consommation. La première musique, hi ha hi ha ho, fait penser à une danse indienne alors que les derniers spectateurs se faufilent sur le côté.
Son entrée en scène est décalée puisque l'artiste fait comme s'il venait nous prévenir que son spectacle allait nous emmener loin du monde moderne et du matérialisme et il nous promet des jolis messages une heure durant : Ouvrez vos cœurs. Et surtout pensez à rire.
Ça marche, le public part au quart de tour. Jay peut filer en coulisses pour revenir en fanfare et sous les applaudissements.

Il ponctue sa révélation en brandissant la carotte qui pend à son cou en guise de collier. L’humoriste argumente sa position en nous rappelant que l’homme le plus fort du monde ne se nourrit que d’épinards, ... Popeye.
Jay se dit sélectif. Il ne mange pas tous les fruits. Vous savez les fruits de mer ... c'est pas vraiment des fruits (dit-il sur le ton de la confidence-connivence).

Le vegan c’est un peu la ceinture noire du végétarisme. Il interroge la salle. Combien de végétariens ? Et de vegans ? Les mains se lèvent timidement. Je vous déclare rôtis et frites !
Jay a un rapport de proximité avec le public. Il ambitionne de distraire mais aussi de convaincre. Alors il explique, en nous faisant rire, mais avec sérieux, pourquoi un vegan ne consomme pas de lait ... parce que ça implique de tuer le veau. Il ne mange pas d'oeufs parce que pour avoir des œufs il faut exterminer tous les poussins mâles.

L'artiste sème la graine du doute dans nos conscience en nous rassurant : Il faut 21 jours à un humain pour changer une habitude. Ne disons pas "plus tard" parce que ça signifie "jamais". Il est un bon exemple de dynamisme. Le jour où il s'est posé la vraie première question, pourquoi je vis ? il a décidé de faire le tour du monde à bicyclette.
Il est allé jusqu'au bout et même au-delà du bout du monde : dans le royaume shamanique des esprits dont il est revenu avec quelques réponses et autant de nouvelles questions. Son one-man-show est drôlement initiatique, garanti sans moralisation.

Ecrit et interprété par Jay
Mis en scène par Karim Bouziouane
Du 25 avril 2018 au 27 juin 2018
Le mercredi à 20 heuresThéâtre BO Saint-Martin 19 Boulevard Saint-Martin75003 Paris