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[Critique série] ASH VS. EVIL DEAD – Saison 3

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] ASH VS. EVIL DEAD – Saison 3

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Titre original : Ash vs. Evil Dead

Note:

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Créateur : Sam Raimi
Réalisateurs : Mark Beesley, Diego Meza-Valdes, Andres Meza-Valdes, Daniel Nettheim, Regan Hall, Rick Jacobson.
Distribution : Bruce Campbell, Dana DeLorenzo, Ray Santiago, Arielle Carver-O’Neill, Lindsay Farris, Lee Majors, Lucy Lawless, Emelia Burns…
Genre : Horreur/Épouvante/Comédie
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Se croyant débarrassé des Deadites, Ash décide de se poser et ouvre une quincaillerie à Elk Grove, épaulé par Pablo. Mais le Mal est loin d’en avoir fini avec lui et c’est alors que Ash découvre avec stupeur qu’il est le père d’une jeune fille de 17 ans que les Deadites passent à nouveau à l’assaut, plus remontés que jamais. L’heure de l’affrontement final a sonné…

La Critique de la saison 3 de Ash vs. Evil Dead :

La nouvelle est tombée au moment où le dénouement de la troisième saison de Ash vs. Evil Dead amorçait son dernier tour de piste, filant comme à son habitude pied au plancher vers sa conclusion : l’aventure est terminée. Faute d’audience, la chaîne Starz a décidé de ne pas renouveler le CDD d’Ash Williams et de lui sucrer sa série. Alors qu’une pétition s’est rapidement mise en place pour demander à Netflix, le sauveur des shows cultes en péril, de racheter les droits pour mettre en route une quatrième saison, Bruce Campbell a annoncé qu’il remisait la tronçonneuse et le fusil à canon scié au vestiaire. Définitivement ! De quoi savourer les ultimes épisodes avec une certaine appréhension tout de même. Ash Williams ne viendra plus à la rescousse d’une humanité maudite par une horde de démons. Un héros pas comme les autres dont l’absence va cruellement se faire sentir, tandis que l’horreur, au cinéma ou à la télévision, est plus que jamais sujette à de fadasses interprétations. Lui qui n’a jamais été tiède, tout le temps chaud bouillant, brûlant (comme on boit le chocolat), a fait ses adieux au terme de cette dernière succession de 10 épisodes tonitruants…

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Massacre à la tronçonneuse et au canon scié

La saison 3 de Ash vs. Evil Dead démontre dès son premier épisode son désir de continuer dans la lignée du second acte. La prise de risque est toujours importante et se lit notamment à travers cette propension au drame, ici encore plus marquée, sans pour autant que le récit oublie de donner à Ash et aux autres personnages de multiples occasions d’honorer le cacher des charges de la franchise pour ce qui est de la comédie pure et dure. Punchlines d’anthologie, situations cartoonesques au possible, gerbes de sang grand-guignolesques, la série reste fidèle à ses idéaux et à ceux qui furent au centre de la saga cinématographique dès le second volet réalisé par Sam Raimi en 1987.
Le truc pourtant, c’est qu’ici, l’histoire donne aussi la possibilité à son héros, Ash Williams, l’occasion de se livrer. Désarmé (au figuré) face à la découverte d’une fille dont il ne soupçonnait pas l’existence, ce grand gamin quinquagénaire surtout intéressé par la fesse, la picole et la fumette, va devoir prendre ses responsabilités. La notion d’héritage et le poids de ce dernier sont donc au centre d’une dynamique brillamment renouvelée. Jamais depuis le tout premier film, un pur trip d’horreur hyper glauque, Evil Dead n’a autant laissé d’espace à la noirceur. Noirceur ici bien diluée par les rires mais jamais vraiment obstruée par ces derniers. Dans la troisième saison de Ash vs. Evil Dead, le comique de situation et les larmes cohabitent et franchement, la pertinence de la démarche est impressionnante.

So long Ash

Ash devient père, le mal insiste, frappe fort et tranche dans le vif, Pablo prend du galon et Kelly s’impose peu à peu comme l’héritière de l’élu à la tronçonneuse… Très riche, beaucoup plus à vrai dire que la plupart des shows du genre actuellement à l’antenne, la saison 3 de Ash vs. Evil Dead monte dans les tours et relève tous les défis qui se présentent sur sa route, non seulement sans démériter tout du long mais aussi en faisant preuve d’une fougue renouvelée pour le meilleur et seulement pour le meilleur. Au centre, Bruce Campbell, dans ce qu’il décrit lui-même comme le rôle de sa vie. Un comédien en état de grâce, parfaitement à l’aise dans une tenue qui lui colle à la peau, mais dont le génie consiste à tout de même tenter des choses, de concert avec un scénario magnifique, faussement foutraque, génialement tendu et inventif. Au Panthéon des héros du cinéma de genre (et du cinéma tout court), faisant sans cesse le grand-écart entre l’horreur franche et le dessin-animé, héritier de Buster Keaton, furieux et jovial, Bruce Campbell donne tout dans ce dernier acte, comme il l’a toujours fait dès lors que la tronçonneuse est venue se greffer à son bras et qu’il a enfilé sa célèbre chemise bleue (indestructible comme il est souligné dans la série). Dans n’importe quelle situation, confronté à une épouvante aux lourdes implications, touché en plein cœur ou quand il se livre à un de ses fameux numéros, taquin au possible face à un Mal perfide, Ash/Bruce Campbell est flamboyant. Un working class hero borderline. Une icône de la pop culture à la naïveté touchante et à la puissance certaine. Une légende dont la série s’est emparée pour en exposer les fondations et au final, provoquer de manière exponentielle une augmentation manifeste de son rayonnement, au-delà des modes, des courants et des tendances.

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Scooby-gang

Il est toujours spectaculaire de voir un tel génie à l’œuvre. Et non le terme n’a rien d’exagéré tant la série a su faire sienne cette sorte de jubilation primaire accompagnant les assauts de Ash et de ses valeureux lieutenants (parfaits Dana DeLorenzo et Ray Santiago) contre des démons facétieux eux aussi garants de quelques punchlines pas piquées des vers (toujours impeccable Lucy Lawless). Le show est toujours aussi radical et définitif. C’est au final très galvanisant de voir un homme aux standards totalement en opposition avec ceux du héros classique, prendre part à une bataille dont il est le pivot, la tronçonneuse toujours à portée de moignon et le fusil toujours chargé. Forcément, difficile pour les autres, les Kelly et autres Pablo, d’exister. Mais ils y parviennent. Mieux encore, car ici, pour ce dernier acte, la série a réussi à introduire un nouveau personnage hyper important, à savoir la fille de Ash, dont le rôle ne se limite pas à la celui de jouvencelle à sauver. Elle incarne une certaine idée du futur. L’espoir auquel carbure le héros. La lumière avançant vaillamment au cœur des ténèbres, éclairant l’enfer sans faiblir, au sein des volutes d’essence et des gerbes sauvages d’hémoglobine.
Le tout, et c’est très important de le souligner, en parsemant le chemin de suffisamment de clins d’œil en forme de points d’ancrage très précis, destinés à inscrire la série dans la mythologie d’ensemble. Dans cette saison plus que jamais, le scénario exploite des concepts et des idées issus des trois films de la franchise (on exclut ici le reboot car Ash n’y figure pas vraiment) et s’amuse des incohérences scénaristiques de cette dernière. À titre d’exemple probant, cette scène durant laquelle Ash parle de sa seconde Linda, en référence à sa fiancée, incarnée par deux différentes actrices dans Evil Dead et Evil Dead 2. Une façon très habile et particulièrement jouissive de se moquer du statut un peu étrange d’Evil Dead 2 (reboot ou suite ?).

Hail To The King !

Et que dire de cet épisode final ? Clairement pas pensé comme un ultime épisode d’ailleurs. Un authentique tour de force, où tous les enjeux sont cristallisés dans une débauche ambitieuse de moyens. Tout Evil Dead est là. L’horreur, la peur, les rires, Ash et sa précieuse Delta ! Le point final d’une tragédie copieusement arrosée de ketchup aux faux-airs de comédie burlesque et aux accents shakespeariens. Une réflexion jusqu’au-boutiste bien plus intelligente qu’il n’y paraît, plus profonde aussi et carrément rentre-dedans. Une véritable explosion, spectaculaire et généreuse. Ash vs. Evil Dead ne pouvait pas espérer mieux pour effectuer sa sortie. Et c’est cette image d’Ash que nous garderons en tête, avec son sourire de séducteur un peu beauf, sa solide stature, sa maladresse, le majeur fièrement dressé à la face d’un monstre en forme de métaphore d’une industrie du divertissement qui n’a jamais été totalement prête pour autant de gouaille décomplexée.

En Bref…
La saison 3 de Ash vs. Evil Dead traduit une maîtrise totale, que ce soit au niveau de l’écriture, de la mise en scène ou de cette tendance à systématiquement faire mouche, malgré une prise de risque sans cesse réaffirmée. Un dernier tour de piste pour une série autrement plus jubilatoire que la majorité des œuvres, télévisuelles ou cinématographiques, qui ont tenté d’en reproduire la recette. Le chant du cygne d’un valeureux anti-héros attachant et charismatique dans sa détresse cartoonesque et sa détermination foutraque. Un déferlement de sang, de rires et de trouvailles, dont le courage est de ne pas exclusivement se reposer sur des effets old school ou sur une certaine nostalgie, mais aussi de proposer une alternative méchamment rock and roll. Ash vs. Evil Dead qui, durant 3 saisons absolument jubilatoires, aura fait souffler un vent de fraîcheur sur un genre qui en avait cruellement besoin. Alors oui, une ultime fois : Groovy and Groovy again !

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : Starz


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