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Trop tard pour peindre les roses en bleu. J'aurais voulu les cueillir et te les offrir. Des roses habillées de rêve.
Trop tard pour sauter à pieds joints dans la flaque au sol, m'en remettre au feu de l'action sans arrière-pensée, sans creux préjugés.
Trop tard pour partir à cheval sans regrets ni boussole, cheveux au vent et le regard en avant.
Trop tard pour enjamber la Seine et crier à gueule-pourpoint, crier, chanter, gesticuler.
Trop tard pour vibrer de tout mon être au son d'un train sifflant trois fois dans l'azur éthéré d'un ciel pur et immaculé.
Trop tard pour me noyer dans la plaine éperdue de chagrin, peine perdue d'avance, ravalant mon orgueil et avalant ma soupe.
Il est tard, trop tard pour me déclarer sans fard et sans reproche, avancer à tâtons sans connaître le fin mot de l'histoire.
Il est trop tard pour reprendre la lecture là où je l'ai laissée,
lasse de m'attendre elle a enlacé un autre que moi.
Il est trop tard pour monter le Mont Blanc et le battre en neige. Le voir fondre sous les assauts répétés de l'astre rayonnant.
Le temps passe et trépasse.
Il est tard, trop tard pour ouvrir les yeux et savourer les sucs délicieux de mes jours et nuits déchaînés et libres.