Éclat étouffé en silence.
On n’entend plus l’oiseau des champs.
Les blés qui ondulent timidement
ont mal de cette douleur avant d’être mûrs.
Aujourd’hui c’est l’austérité sereine de la terre
qui tâte la tendresse des épis
et la moisson va se préparer de jour en jour.
Jusqu’à ce que nous soyons mûrs…
Mais toi, poème, ne pardonne pas.
Que ta justice soit faite.
*
Ľudstvo
Blýska sa ticho, tlmene.
A vtáka nečuť z polí.
Obilie placho zvlnené
tak pred dozretím bolí.
Mäkkosti klasu ohmatáva
dnes tichá prísnosť zo zeme
a dlho žne sa stroja.
Až dozrieme, až dozrieme…
Ale ty, báseň, neodpúšťaj.
Buď spravodlivosť tvoja.
***
Milan Rúfus (1928-2009) – Le temps de mûrir (Až dozrieme, 1956) – L’inquiétude du cœur (La Différence, 2002) – Traduit du slovaque par Arlette Cornevin.