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Sur le recto de ce Digipack Tim Hardin porte un chapeau, la moitié de son visage est dans l'ombre, le reste est en pleine lumière. Sa barbe est mal entretenue, il semble torse nu et un peu préoccupé, tout cela ne présage rien de vraiment sautillant. Au verso de ce Digipack Tim Hardin a perdu son chapeau il est imberbe, mais sa tignasse est dangereusement revêche. Son regard fixe l'appareil photographique jusqu'au fond de l'obturateur et nous donne l'impression que le combat a déjà eu lieu, que l’effroi est derrière lui et qu'il a laissé place à une lassitude un brin désespérée. À l'intérieur de ce Digipack il y a encore une photographie, elle est a été prise par Tim Hardin lui-même, le garçonnet qui tient deux marguerites, l'une cachant l'un de ses yeux, est Damion, son fils. Le père et le fils se ressemblent beaucoup, la photographie est magnifique (Damion est au recto d'un autre album Suite for Susan Moore and Damion, un bel oratorio familial). Bird on a Wire n'est pas le meilleur disque de Tim Hardin, on préférera les deux premiers, le troisième (live avec une extraordinaire version de Lenny's Tune), son dernier : le bouleversant The Homecoming Concert enregistré pour une émission de télévision et qui sortira un an après sa mort en 1981. Non Bird on a Wire n'est pas son meilleur disque, mais il est tout de même souvent vraiment pas mal. C'est autant un disque d’interprète que d'écrivain de chanson puisque l'on peut entendre Tim reprendre Hoagy Carmichael, Leonard Cohen ou John Lee Hooker. C'est aussi son disque le plus « jazzy retro satanas », Joe Zawinul taquine l'ivoire et l'ébène tandis que le reste des musiciens maîtrise la pulsation binaire tout en laissant la première croche durer plus longtemps que la deuxième croche. Je ne voudrais pas vous embêter plus que ça, mais sachez qu'en somme, ça swingue plus qu'à son tour.