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Fiertés (Mini-série), Philippe Faucon

Par Losttheater
Fiertés réalisé par Philippe Faucon

Philippe Faucon est devenu une des voix majeures pour exprimer la France d’aujourd’hui au cinéma. On ne l’avait pas recroisé depuis 2015 et son film Fatima (César du meilleur film), qui lui a valu tous les honneurs public et critique. Il revient aujourd’hui avec un projet atypique sous la forme d’un triptyque sériel nommé Fiertés. Son cinéma a de particulier qu’il a su donner une voix singulière aux marginaux et exclus de la société. Il transpose son style à la télévision tout en auscultant, à travers trois dates clés, le chemin de l’homosexualité masculine en France.

Alors qu’il revient au Festival de Cannes avec un nouveau long-métrage, Amin, Philippe Faucon a été l’un des rares, voir le seul, à filmer les minorités arabes en France. Son cinéma n’aborde rien de moins que les difficultés de l’immigration sociale et questionne des thématiques politiques sur ceux souvent exclus du grand écran. Un cinéaste comme on en rencontre très peu en France, qui propose un cinéma politique, très rare dans l’hexagone. Loin du côté conformiste et pédagogue qu’on pourrait facilement lui prêter, Philippe Faucon ne traite jamais son travail de manière didactique. Il n’assène pas à son spectateur une manière prémâchée de penser. Il continue sur la même lancée avec Fiertés. Il y suit la vie d’un personnage, Victor, à trois tournants de son existence qui coïncide avec une période politique déterminante dans la lutte des droits LGBTQ. En 1981, sous Mitterrand lors de la dépénalisation de l’homosexualité. Puis en 1999, sous le gouvernement Jospin lors de la loi pour le Pacte Civil de Solidarité. Et enfin, en 2013, sous Hollande lors de la loi Taubira autorisant le mariage aux couples homosexuels.

Ces trois années charnières dans la vie du personnage principal résonnent d’une importance socio-politique. Philippe Faucon se place du côté de son protagoniste, en abordant son regard face à sa mobilisation pour ses droits. C’est en premier lieu face à un père que Victor doit lutter. Ouvertement socialiste, le père campé par Frédéric Pierrot ne peut s’empêcher d’exprimer sa peur pour son fils à travers une violence des mots. La révélation de l’homosexualité de son fils est un choc difficile à avaler. Ce n’est qu’à la majorité que Victor pourra pleinement vivre sa sexualité avec Serge, son amant plus âgé et séropositif. Du coming-out, à la question de l’adoption pour les couples gays, jusqu’au mariage, Philippe Faucon interroge les tensions et les conflits du mouvement gay face à une évolution politique. Alors qu’on considérait encore l’homosexualité comme une maladie mentale, Fiertés met en parallèle l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. C’est sur trois décennies, sans rentrer dans le sujet avec violence et rage, que Philippe Faucon raconte l’intolérance, l’homophobie ambiante et ordinaire. Surtout, il dresse le portrait évolutif de la société française. C’est à travers cette cellule familiale que les idées sont ponctuées. Les chemins parcourus par Victor, Serge et les autres sont certes rudes mais Fiertés n’oublie pas de souligner la douceur et surtout l’amour semés tout du long. Sans être un béni-oui-oui, Philippe Faucon envisage une écriture et une mise en scène qui rendent hommage à ceux que la société a voulu exclure.

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