D'abord, il y a les saisons. Tout commence avec le printemps et les cerisiers en fleurs, puis l'été, la chaleur, l'automne et l'hiver, pour revenir au printemps. Les saisons de la vie et la renaissance, le cycle vital sans interruption, la mort qui n'est pas une fin mais le commencement d'autre chose. Sur le plan de la vie, la roue qui tourne, l'espoir du renouveau qui subsiste malgré les tempêtes et les grands froids, la possibilité d'un nouveau départ qui s'offre à nous, sans cesse, pour peu qu'on sache capter les signes que le destin ou les forces invisibles nous envoient. La lune, le chant des oiseaux, les mouvements des feuilles dans les arbres, le vent, chaque élément, chaque parcelle du monde recèle une existence et un langage propres qu'il nous faut apprendre à décoder. Même les haricots ont leur histoire ! Depuis la graine jusqu'à la récolte, en passant par l'eau de pluie qui a arrosé les jeunes pousses et les mains qui les ont recueillis. Tout cela, Tokue essaie de l'enseigner à Sentaro, en même temps qu'elle fabrique sa pâte de haricots. Un collaboration qui va donc bien au-delà de l'aspect culinaire. Ensuite, il y a la rumeur. La parole des autres qui blesse, déforme la réalité tout autant que la maladie déforme les corps, qui anéantit les espoirs et rompt le charme. La rumeur contre laquelle, sagement, il est parfois inutile de se battre et face à laquelle, au lieu de lutter vainement, il vaut mieux prendre la tangente. La rumeur qui, si elle met fin à la paix qui régnait dans la petite échoppe, à cette légèreté et cette joie qui s'était emparée du lieu et des cœurs, a le mérite de nous rappeler que tout passe, le mauvais comme le bon et que, par conséquent, c'est maintenant qu'il faut profiter et se réjouir de ce que l'on a. Cette parenthèse heureuse dans la vie des personnages enseigne la magie et la fragilité du présent, la beauté de l'instant qu'il faut saisir au vol. Nous portons tous en nous des traumatismes, des histoires passées peu racontables ou dont on a envie de se défaire. Si ces histoires on laissé des traces, psychologiques ou physiques en nous, sur nos corps, c'est pourtant avec ces poids qu'il nous faut vivre. Chacun avec leur solitude, leurs blessures, leur passé qui les taraude et leur présent inconfortable, les trois personnages vont pourtant réussir, chacun à leur manière, à trouver un sens à leur vie. Qu'on soit jeune, déjà plus âgé ou même vieux, il n'est jamais trop tard pour trouver en nous la force de regarder notre existence autrement, de prendre appui sur nos rêves et nos savoir faire et aller de l'avant. Tout comme le résumé qui taisait les détails, cette conclusion peut sembler mièvre. Mais il faut la comprendre comme on lit un haïku. Une phrase, quelques mots, l'arbre qui cache une sublime forêt. Vraiment, ce film est un merveilleux poème.
