si len ce
SI
marsupialamour mam
elle de lamp
proie prise can
in am
oré
tour de talis
man
gu (LEN) t
tural aman
te en té
nèbre fièvre
au fév
rier fém
oral mor
thalamo t’
aurifèr
oz : noce
face
peace
ssx
CE
Source : Haroldo de Campos : revue Noigandres n°3, 1956. Traduit du portugais (brésilien) par Jean-René Lassalle avec l’original et ses traductions anglaise et allemande.
si len cio
SI
marsupialamor mam
ilos de lam
préias prêsas can
ino am
or
turris de talis
man
gu ( LEN )
tural aman
te em té
nebras febras
de febr
uário fe
mural mor
tálamo t‘
aurifer
oz : e
foz
paz
ps
CIO
Source : Haroldo de Campos : revue Noigandres n°3, 1956.
/
Portrait of the artist as an old man
le mot lumbago
attaque avec arc et flèche
neurones : correction de fourmis perçantes
sur des pointes de sabres
danse le cobra des vertèbres
dire qu’un bodhisattva
au sommet d’une colonne
respire une poudre de lotus
Source : Haroldo de Campos : A educação dos cinco sentidos, Brasiliense 1985. Traduit du portugais (brésilien) par Jean-René Lassalle avec l’original et ses traductions anglaise et allemande.
Portrait of the artist as an old man
a palavra lumbago
ataca de arco e flecha
neurônios : correição de formigas pungentes
em pontas de sabre
dança a naja das vértebras
dizer que um bodisatva
no topo da coluna
aspira pó de lótus
Source : Haroldo de Campos : A educação dos cinco sentidos, Brasiliense 1985.
/
l’ange gauche de l’histoire
les sans-terre enfin
se retrouvent dans la pleine
possession de la terre :
se hissant de sans-terre
à très-terre : les voici
enterrés
déterrés de leur souffle
de vie
atterrés
terrorisés
terre qui à la terre
retourne
pleins-propriétaires
terriens d’une
fosse (sphérique) commune :
au revers au final
enracinés dans
le ventre profond d’un
latifundium
qui d’im
productif se ré
véla des plus fé
cond : générant de ruisselantes
moissons de
sang vermeil
de laborieux sans
labour les voi
ci : pour finir méta
morphosés en larves
en mor
tuaires déchets :
cercueils ouvragés
du bois rare
(matière)
d’eux-mêmes : la balle meurtrière
les assaillit
mortombés
transiculbutés
abattus-couchés pré
destinataires d’une
(aigre) maigre
ré (dif) forme formante
- faminante – agr
aire : les
voici grégaire
communauté de métayers
du néant :
mi
séreuse agon
isante
déshonorée
- dégénérodée d’un
intrabrasif re
mords –
la patrie
(comment en être fier ?)
apatride
pleure ses dé
possédés parias –
patrie parricide :
seule peut-être à la fin l’
épée étincelante
de l’ange borgne de l’his
toire flam
boyant contre le vent et
submergeant les
comparses agricultueurs de cette
funèbre soldatesque où
Maréchal-La-Mort commande sa
torve milice de janissaires-é
gorgeurs :
seul l’ange gauche
d’une histoire balayée à
contre-poil par son
épée multigiratoire pou
rra (espoir !) un jour
contraindre dans la masse
brumeuse des jours fu
turs le jour
final à survenir pour
le juste
ajustement
des comptes
Source : Haroldo de Campos : Crisantempo, Perspectiva 1998. Traduit du portugais (brésilien) par Jean-René Lassalle avec l’original et ses traductions anglaise et allemande.
o anjo esquerdo da história
os sem-terra afinal
estão assentados na
pleniposse da terra:
com-terra: ei-los
enterrados
desterrados de seu sopro
de vida
aterrados
terrorizados
terra que à terra
torna
pleniposseiros terra-
tenentes de uma
vala (bala) comum:
pelo avesso afinal
entranhados no
lato ventre do
latifúndio
que de im-
produtivo re-
velou-se assim u-
bérrimo: gerando pingue
messe de
sangue vermelhoso
lavradores sem
lavra ei-
los: afinal con-
vertidos em larvas
em mortuá-
rios despojos:
ataúdes lavrados
na escassa madeira
(matéria)
atocaiou-os
mortiassentados
sitibundos
decúbito-abatidos pre-
destinatários de uma
agra (magra)
re(dis)(forme) forma
-fome- a-
grária: ei-
los gregária
comunidade de meeiros
do nada :
enver-
gonhada a-
goniada
avexada
-envergoncorroída de
imo-abrasivo re-
morso-
a pátria
(como ufanar-se da?)
apátrida
pranteia os seus des-
possuídos párias-
pátria parricida:
que talvez só afinal a
espada flamejante
tória cha-
mejando a contravento e
afogueando os
agrossicários sócios desse
fúnebre sodalício onde a
morte-marechala comanda uma
torva milícia de janízaros-ja-
gunços:
somente o anjo esquerdo
da história escovada a
contrapelo com sua
multigirante espada po-
derá (quem dera!) um dia
convocar do ror
nebuloso dos dias vin-
douros o dia
afinal sobreveniente do
justo
ajuste de
contas
Sources : Haroldo de Campos : Crisantempo, Perspectiva 1998.
Ceci est un hommage au monumental poète brésilien Haroldo de Campos (1929-2003), à cause de l’éternelle exubérance de sa poésie et à l’occasion de la sortie de ses essais chez NOUS (De la raison anthropophage) traduits en français par Inès Oseki-Dépré. Haroldo de Campos est d’abord vers 1956 un des créateurs de la « poésie concrète » qui condense le poème en objet visuel de langage minimaliste (parfois conceptuel, philosophique, politique) avec son frère Augusto de Campos et le poète Decio Pignatari, fondant la revue Noigandres, procédant à un rééquilibrage de l’avant-garde littéraire internationale depuis le continent sud-américain. Il est aussi un traducteur affamé de complexité dans ce qu’il appelle « transcréation », art de l’impossible qui désire re/créer en parallèle l’original d’un texte créatif avec le plus possible de sa matérialité sonore et visuelle et de l’univers mental de l’auteur, vibrant de l’énergie trans-langagière du « pur langage » du philosophe Walter Benjamin (dont l’ange de l’histoire apparaît ici en vengeur des paysans exploités). Pendant la dictature militaire (1964-85) et après, la poésie de Haroldo de Campos se développe en scintillants kaléidoscopes en portugais brésilien incrusté de néologismes et de multilingue, résonnant de ses rencontres géographiques et historiques avec les diverses cultures humaines. Parmi ses livres traduits en français retenons au moins L’Éducation des cinq sens chez Plein Chant par Luis Carlos de Brito Rezende en bilingue (ce qui permet de voir le travail de Campos sur le portugais), le gargantuesque Galaxies (chez La Main Courante du regretté éditeur Pierre Courtaud), et la magnifique et représentative Une Anthologie chez Al Dante ; ces deux derniers livres sont traduits par Inès Oseki-Dépré, une grande passeuse entre les langues dans les deux sens, traductrice et éditrice scientifique de Haroldo de Campos.
Haroldo de Campos dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, fiche de lecture une anthologie , une poétique de la radicalité (JP Dubost)
Note de lecture (M. Blanchet) :
Un poème carré de la période « concrète » paru dans la revue Noigandres n°5 en 1962 : fome de forma / forma de fome (faim de forme / forme de faim)
Vidéo de Haroldo de Campos lisant son poème « Como ella es » (Comme elle est, la poésie : du feu) au festival de Medellin en Colombie
« Circulado de fulo » de Haroldo de Campos, interprété par un autre magnifique expérimentateur, Caetano Veloso : celui-ci réussit à infuser ses mélodies acidulées dans les vers extrêmement longs et complexes de ce poème des Galaxies, qui transfigure les anciens troubadours brésiliens errant dans la pauvreté et encerclés par / faisant circuler les fleurs
https://www.youtube.com/watch?v=u0g6NGq5jAY
Vidéo de 30 secondes avec un poème de 1949 de Pignatari sur l’amitié, « Rosa d’amigos » (La rose des amis) dit à 3 voix de bas en haut par Augusto de Campos, Decio Pignatari, Haroldo de Campos (le texte brésilien est cliquable en supplément de commentaire sous l’écran) en 1992 à la télévision brésilienne
Musique chorale de trois minutes par le compositeur Gilberto Mendes sur le texte complet de « L’ange gauche de l’histoire »
Un disque audio de Haroldo de Campos disant ses poèmes de l’époque des Galaxies : "Isto não é um livro de viagem" (Ceci n’est pas un livre de voyage )
Dossier préparé par Jean-René Lassalle, qui a également réalisé les traductions inédites.