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Bodega Bamz « PAPI » @@@@½

Publié le 13 avril 2018 par Sagittariushh @SagittariusHH
Bodega Bamz « PAPI » @@@@½ - Hip-Hop/Rap

Bodega Bamz « PAPI » @@@@½

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Alors que la Beast Coast mettait le feu dans l’underground de NYC au début des années 2010 avec les Pro Era, le A$AP Mob, Smoke DZA & Co, les vétérans de chez Duck Down Music ont fait une belle prise en signant chez eux Bodega Bamz pour leur apporter du sang neuf. Dru Ha et Buckshot ont eu du flair en misant sur ce cheval car ce fut une des grosses surprises de 2015 avec Sidewalk Exec. Avec son second album PAPI, le rappeur latino détient ce qui est l’une des meilleurs sorties new-yorkaises de 2018.

La personne sur la photo d’identité sur la pochette, c’est le père de Bodega, Placido, originaire de la République Dominicaine, arrivé illégalement en 1979 pour s’installer dans le Spanish Harlem. Ce point généalogique pour expliquer que PAPI est animé par la fierté du sang, une volonté irréductible de s’élever. Une soif de réussite? Ça reste à voir, Bodega Bamz est du genre réaliste et pragmatique sur son cas, comme il le démontre parfaitement sur « Praying » et « Mad » sur lequel il évoque aussi son métier d’acteur. Pour lui, s’il perce tant mieux, sinon, il n’aura aucun regret, il aura fait de son mieux. « I’m the best, just not promoted right » scande-t-il sur l’ouverture « Pa« . Cette forme de modestie qui n’a rien de faux, cette réserve qui l’empêche de péter plus haut que son cul même s’il est très fort (et qu’il en a conscience), elle est expliquée sur « Broke« , qui reflète plus un état d’esprit « rien à foutre, j’ai rien à perdre » que la situation financières en elle-même. Le Tanboy représente tous ces gens-là, ceux qui sont au fond du trou et qui s’en sortent difficilement (« Jefe« ), ce qui explique cet attachement à l’underground. Quand un rappeur explique que blablabla il est real, il essaie de rester humble, etc etc… généralement, on fait « ouais ouais » sans trop y croire quand on voit leur melon. C’est tout l’inverse pour Bodega Bamz, une perle rare ce gars.

Une autre filiation, musicale cette fois, est décrjte sur « Terror« , celle avec les rappeurs latinos de NYC : Big Pun et Fat Joe, des icônes pour Bodega Bamz et il en est toujours admiratif aujourd’hui. Il est vrai qu’il n’y a pas eu de « descendants » du Terror Squad à proprement parler, et sans chercher à en être un, notre rappeur en est un sérieux prétendant. Il avoue avoir eu l’opportunité de suivre leurs pas en maison de disque mais Bodega a refusé l’offre chez Atlantic. Différente époque, différentes modes, aujourd’hui le boom-bap rap existe toujours mais le renouveau du rap de la côte trouve son énergie dans la Beast Coast et sur ce plan-là, les beats sont en effet monstrueux. Que des beatmakers anonymes (voir la liste dans les tags), hormis V Don, mais que de très très gros morceaux, comme « Fuego« , « Mad » ou l’entêtant « Sumthing« . Réellement impressionnant de solidité, ce qui colle bien avec le style de rap de Bodega Bamz, quelque part entre une version Eastcoast de ScHoolboy Q et Westside Gunn. La passion du sample est toujours très présente, que ce soit sur « Emergency« , « Clout« , celui de piano sur « Terror« , « Uncut »… jusqu’au très classe « Proud and Powerful« , qui est presque l’acronyme du titre PAPI (Proud And Powerful Individualz). L’exercice de style de ce morceau est simple mais efficace : un premier couplet où chaque rime commence par « proud to… » et le second où elles s’achèvent par « that’s powerful ».

Si le premier morceau « Pa » est un vrai bâton de dynamite où Bodega Bamz puise sa force dans l’héritage paternel, le dernier, « 119th » semble bien plus calme en comparaison. Il est même le plus personnel des 14 tracks puisque le rappeur décrit sa relation avec son père, pas un modèle du genre mais qui lui a toujours inspiré énormément de respect et de gratitude. Et pour avoir écouté plusieurs fois PAPI avec attention, c’est ce que je ressens pour Bodega.


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