Le Québec aime beaucoup Alexandre Taillefer. Cet homme d'affaire semble animé du sentiment de l'homme juste. Il a aussi perdu un fils aux mains sales de la maladie mentale, s'en est confessé, a tourné un film sur le sujet, a été de plusieurs tribunes et a touché bien des gens.
Ça en a fait un héros vulnérable comme on les aime chez nous.
Humain.
Ce que la politique n'est jamais.
Ce génial petit dragon de l'économie moderne ne sera pas député aux prochaines élections. Il sera directeur de campagne pour les Libéraux. Et à l'image du secteur de l'emploi de nos jours, il n'est pas l'homme d'un seul parti. Il a contribué financièrement à la CAQ, au PQ, dont il a aussi la carte de membre, au Parti Libéral et a nommé Manon Massé, de QS, comme son coup de coeur. Il se définit comme queer politique. Il a toujours clamé ne vouloir correspondre à aucune étiquette. Ce qui est très millénial pour un X. Donnera-t-il de l'élan aux Libéraux? On ne sait trop. Ce n'est qu'un directeur de campagne. C'est quand même un bon coup d'impression publique qu'ils ont fait.
Marguerite Blais, démissionnaire du Parti Libéral il n'y a pas si longtemps, s'est elle, déclarée candidate de la CAQ. Probablement dans Prévost. Où se trouvera Paul St-Pierre Plamondon. Le PQ sera-t-il complètement effacé en octobre prochain? Tout y pointe. Autre bon coup d'impression publique, mais de la CAQ cette fois.
Michelle Blanc, transgenre spécialiste du numérique s'étant fait connaître pour avoir mis en ligne toute sa transformation en temps presque réel, se magasinait ouvertement un parti jusqu'à vendredi dernier. Il semble que ce serait le PQ. Hmm.. Impression.
L'ancien chef du Bloc Québécois, au fédéral, devient aussi conservateur.
L'ancien journaliste Vincent Marrisal s'est déclaré candidat pour Québec Solidaire. On a appris par la suite qu'il avait aussi cogné à la porte des Libéraux.
Avant cette année ce type de magasinage se faisait aussi, mais était plutôt gardé secret. C'était considéré trop pute. Pas assez intègre. Trop opportuniste. On a plus cette gêne. On trouve même ça sain de voir des gens s'informer sur chaque programme de parti, avant de se lancer dans la fosse aux lions.
Quand j'étais enfant et ado, j'écoutais le hockey de la LNH qui, lorsqu'elle présentait un match à la télévision, devait y insérer une pub de pas plus de 15 secondes car le sport n'attendait pas. Parfois, on pouvait manquer un but survenu dès la mise au jeu car l'action avait repris trop vite dans l'aréna. Il n'y avait aucune coordination avec la télé et le match. Les bandes étaient blanches et noircies seulement par quelques traces de caoutchoucs de rondelles.
Puis, dans les années 90, l'argent a pris le dessus sur le sport. Les contrats sont devenus de l'ordre public. Les compagnies de cartes de hockey se sont multipliées et sont devenus une business artificielle où on a inventé des valeurs à des choses qui n'en avaient pas. On a commencé à refaire des gilets de clubs différents trop souvent afin d'en vendre plus. Les droits de télévision et publicitaires sont devenus peu à peu propriétaires de tous les clubs. Ce n'était plus la publicité qui devait faire vite pour polluer le sport, c'était le sport qui devait ralentir pour attendre la pub qui payait vos joueurs.
Un temps d'arrêt n'a plus de valeur dans la LNH d'aujourd'hui puisque le jeu est toujours arrêté et on attend tous la fin du trois minutes de pub.
Le pouvoir s'est inversé. En fait le pouvoir de l'argent s'est installé.
Le sport est devenu un produit.
On a le choix de trouver que ça a relevé le produit livré. Ou pas.
Alexandre Taillefer est un homme d'affaire.
Il est attiré par le pouvoir que l'argent lui offre.
Rien d'anormal, c'est le propre des gens d'affaires.
Ce qui l'est moins c'est cette facilité à manger à plusieurs râteliers, ouvertement et sans scrupules. Et notre manière d'accepter tout ça.
Tous les gens d'affaires donnent de l'argent aux partis politiques. En souhaitant des retour d'ascenceur. C'est interdit de le faire depuis 1977 au nom des entreprises, mais c'est facile de contourner, on donne "au niveau personnel". Taillefer a contribué là où ça pouvait gagner. Et l'aider.
Au PQ, quand il était vivant.
À la CAQ car ils vont probablement gouverner d'ici 2019.
Et maintenant il sera du taxi des Libéraux.
Parce que c'est encore eux qui ont les cordons de la bourse.
Et pour les affaires, et la politique de nos jours, c'est seule la bourse qui compte.
On a le droit de trouver que cette manière de gérer les choses a relevé le sens politique.
Ou pas.
Moi je trouve que ça donne encore plus de raisons de ne plus croire à la politique.
Ça donnera encore du 23% aux prochaines élections.
Encore presque 80% des gens qui ne voudront pas de ceux qui seront élus.