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Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 67-68-69

Par Blackout @blackoutedition
Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 67-68-69

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 67

– Lado ? – Ouais. – Luka est sorti de taule. – Putain de couille de caille ! Il est où cet enculeur de cochons ? – Avec moi. – Y devait pas sortir le mois prochain ? – Ben l'a obtenu cinq jours de perm. Après y replonge pour un mois comme tu dis. – Bordel à cul de truie vérolée, ramène-le avec toi ou je te claque mes couilles sur le front. – C'est prévu, d'autant que c'est lui qu'a la came. – Hein ? C'est quoi ce merdier de dawa ? – J'aurai pas le temps de passer au Labo, sinon y'en a pour trois plombes. – Et ça dit quoi pour Pavol ? – La gueule de torche-cul qu'a écrasé ton clébard ? – Qu'une louve des Carpates affamée aux cheveux longs te suce le nœud, putain ! Tu sais très bien de qui je parle, Tibor. – Je m'en suis occupé cet aprèm. – Bien. – Comme d'hab. Deux dragées dans le citron, un petit tour en bateau, et deux parpaings au fond du lac. – Je te demande pas de me donner les détails, couenne de patate. Je suis sur haut-parleur. – Désolé, Lado. – Puis Franko, t'as eu le temps de le voir pour ce qu'on avait dit ? – Ce pauvre étron de catin bulgare s'est fait serrer à Revuca. Les poulagas ont fait semblant de trouver de la beuh dans le coffre de sa R8. – Sacré nom du foutre de la vierge, il est parti pour dix ans de cabanon ! – Clair. – Ahhhr... Que ses ancêtres aillent se faire foutre sur dix-huit générations. – Tu sais ce que je dis tout le temps Lado : c'est pas ce que t'as fait qui compte, mais qui t'as contre toi. – Laisse tomber le business avec la région du centre et concentre-toi sur le marché avec les viets et les rosbifs. – OK, mais faudra quand-même songer à s'occuper de František. – Tu crois que c'est lui qu'est derrière l'arrestation de Franko ? – Qui veux-tu que ce soit ? La flicaille a mis le paquet : troupes d'élite, plongeurs et officiers, médias des grandes chaînes et tous les youtubers à la con du pays. Les images tournent en boucle à la télé. Mets « Ta tri » si tu veux te bidonner. – Non merci Tibor, ça va aller. Je donnerai vingt mille à celui qui déquillera cette poule à flics de František. Fais passer le mot à tous les clans du nord. – Il nous a chié dans la bouche, tu peux compter sur moi Lado. – T'excite pas Tibor. On s'en chargera tranquillement la semaine prochaine. – Et pourquoi ça ? – Parce que je veux que tu ramènes tes miches à l'hôtellerie Medved... avec Luka et la Cé. Faut qu'on fasse honneur à nos invités français. – Ah ouais, j'avais déjà oublié. »

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Comme prévu, Damian véhicula Luka, Mirko et Gino jusqu'au fameux grand barrage. Et c'était pas au diable en fin de compte, ou peut-être que les deux camaros trouvèrent le trajet trop court, nullement pressés d'arriver à destination. L'immense déversoir présentait deux visages : un pont à fleur d'eau d'un côté de la route, un ravin vertigineux de l'autre. En s'avançant sur la superstructure, les phares de la berline firent apparaître Lado et son 4/4, fichés sur pieds en plein milieu de la voie, comme un autre barrage sur le barrage. Sous les feux allumés de son Range Rover, le patron se profilait sombre et grave, mains dans les poches et capuche sur le cigare. Une rincée de tous les diables s'abattait sur lui, mais il avait l'air de s'en battre les œufs. Damian gara sa caisse également de travers, en plein milieu de la chaussée, bloquant l'accès des deux directions de la passerelle. Aucune équivoque. Y fallait pas être bien malin pour entraver ce qui découlait d'une visite de barrage à quatre heures du mat', avec un trio de bouchers slaves, sous une pluie alouvie de fin du monde.

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Entre chien et loup, Dragan donna la lune pour que je visite la demeure familiale. Une vieille bâtisse campagnarde maintenue dans son jus, rien d'épastrouillant... si ce n'est ce détail intrigant qui ne cessait d'attirer mon attention : des boîtes en verre accrochées aux murs à tout bout de champ, façon déco. Et des munitions militaires à l'intérieur. Je restai québlo devant une cartouche étrange avec une ogive à sa base. « Une balle explosive à répercussion chimique. » s'empressa de m'expliquer Dragan. « Une rareté, Kalache. Même en Serbie. – D'où tu tiens tous ces pruneaux ? – Ben de la guerre, couillon. »

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