Il est des spectacles qui vous ennuient avant qu'ils ne vous donnent envie de crier sur votre siège, vous pétrifient ou vous secouent. Et cette pièce de Christiane Jatahy est de ceux-ci.
Au programme, migrations, Brésil et Odyssée. Une pièce qui se veut politique et engagée, aux moyens techniques prétentieux (la scène se remplit d'eau à se noyer, le public qui voyage et les vidéos en live) qui repose sur l'histoire d'Ulysse et Pénélope. D'Ulysse qui peine à quitter Calypso. De Pénélope qui voit son pays pillé, dépecé par les prétendants et cependant ne renonce jamais à Ulysse. Devant nous, les acteurs sont tour à tour Pénélope, Calypso ou les servantes qui couchent avec les prétendants (et vont être pendues après avoir nettoyé le sang de leurs amants), Ulysse ou les prétendants, à différents âges de la vie, à la veille du retour ou n'importe quand pendant les dix ans d'amour et d'errance d'Ulysse, après cette guerre de dix ans également. La situation d'exilé d'Ulysse est l'occasion d'interroger la migration et des pages de journaux de réfugiés nous sont lues, crues, violentes, terribles et en même temps tellement artificielles dans cet espace qui ne joue que de l'image. De même que la résolution est affreuse de violence, physique et psychique, de combats et de suicides, de torture même. Personnellement, ça me fait mal de voir tant de violence au théâtre (ou au ciné, ou ailleurs), de la montrer si crue, si nue, de la filmer, de la démultiplier ainsi. Il y a d'autres moyens de la dénoncer, sans entrer dans cette spirale. Bref, je reste maltraitée par cette violence, surtout faite aux femmes, dans cette pièce. Quand au fond, au texte, au jeu, il est confus, il est bruyant mais semble terriblement vide. J'ai failli sortir à plusieurs reprises, lassée puis dégoûtée, pourtant le thème semblait prometteur. Une rencontre manquée pour moi et pour pas mal de spectateurs partis en cours de spectacle !