Il y a tellement de salles de cinéma où je ne suis pas encore entré… J’avais raté la sortie de La forme de l’eau et j’ai dû attendre que le film revienne dans une salle à une heure qui me convienne. Ce fut une salle de cinéma dans le Grand Palais, à Paris. Il pleuvait dehors et on voyait la pluie tomber avant que les volets obturant les vitres de la salle soient fermés.
J’avais vu la bande annonce et j’attendais quelque chose sans doute proche d’Alien. J’ai vu un film dont l’esthétique m’a fait penser à ceux de Jeunet et Caro. Et je me suis laissé emporter dans une histoire d’amour sur fond de guerre froide. Définissant la guerre froide entre deux puissances comme un prétexte pour exploiter les pauvres et exercer sur eux toutes sortes de tortures. Quand l’Américain (Michael Shannon) demande au Russe (Michael Stuhlbarg) des noms, des grades, ce dernier répond : « No names, no grades ». Ce sont des femmes qui libèrent la créature capturée dans un fleuve d’Amérique du Sud, des femmes de ménage, l’une muette et jamais à l’heure (Sally Hawkins), l’autre noire et solidaire de sa collègue (Octavia Spencer). Ce n’est pas qu’une histoire d’amour, une bluette. Les mammifères ne sont-ils pas une espèce dont l’origine est aquatique ? La créature fluviale (Doug Jones) est-elle un dieu capable de faire des miracles ? Est-ce un lointain cousin (son aspect n’est pas très loin de celui des hommes) ou celui qui propose un avenir pour l’humanité ?