Il y a d’abord la lecture, visage penché vers les feuilles, recherche du mot presque silencieux, du mot sur le papier, la blancheur du papier, « le vide papier que la blancheur défend » (Mallarmé) et nous devenons témoins de l’écriture même, l’écriture d’un journal (Refonder, édité par le Dernier Télégramme) : date, lieu, le temps qu’il fait. Fred Griot nous invite dans une yourte en Causse, nous fait ressentir le vent, écouter le capricorne, attendre et nous imprégner du silence. Puis il ferme la porte « aux deux battants bleus penchés ». Et retour en ville. C’est une autre solitude « dans nos villes foules / dans nos villes masses ». Fred est debout, il ne lit pas mais dit son texte par coeur. Il désigne, montre du doigt, il voit « type crever là / écroulé ou endormi », il fait le poème (book 0, édité par le Dernier Télégramme).
Ces deux moments offerts ne sont qu’une partie du travail de Fred Griot. Dans l’échange qui suit, seront évoqués plusieurs autres aspects : la musique et son groupe parl#, son activité permanente et déjà ancienne sur le web, et la « pâte lang » qui, bien sûr, rappelle Christophe Tarkos.
La poésie de Fred Griot est espace et silence, mouvement de balancier entre quête personnelle et engagement dans le monde, présent, trace.