Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange.
L’azur et l’onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.
Qu’on patiente et qu’on s’ennuie
C’est trop simple. Fi de mes peines.
Je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortune.
Que par toi beaucoup, ô Nature,
–– Ah moins seul et moins nul !–– je meure.
Au lieu que les Bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.
Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents, qu’au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien ;
Et libre soit cette infortune.
*
Banners of May
Among the lime-trees’ bright branches,
A spent hunting-horn;
But lively spring songs
Flit among currant-bushes.
Let our blood laugh in our veins,
See the vines tangle.
The sky’s as sweet as angels.
Water and sky become one.
I’m off. Should a ray of light wound me
I’ll expire on the moss.
Patience, boredom
Are too simple. My pointless pains.
I want dramatic summer
To tie me to its chariot of fortune.
Nature, let me die so much by you,
Less lonely, less useless!
Not like Lovers––strange––who
Die mostly by the world.
I don’t mind that the seasons use me.
I give myself up, Nature, to you,
And my hunger, all my thirst.
If it pleases you, nourish and quench.
Nothing at all deceives me;
To laugh at the sun means laughing at parents,
But me, I want nothing, nothing:
And may this misfortune live free.
Mai 1872.
***
Arthur Rimbaud (1854-1891) – Poésies (Poésie/Gallimard) – Collected Poems (Oxford World’s Classics, 2009) – Translated by Martin Sorrell.