En matière de lecture, on passe souvent d’un registre à l’autre… Alors, il m’a fallu quelques pages, pour adhérer au parti pris d’écriture de ce livre. Denise Le Dantec y raconte la vie d’Emily Brontë oui, mais pas de manière romancée, plutôt à la manière d’une universitaire ayant décidé de décortiquer les textes de l’auteure pour y trouver la substance de la personne qu’elle était, oserais-je dire pour comprendre l’âme de celle qui a écrit Les Hauts de Hurlevent. Ce texte est une réédition, il a déjà été édité en 1995, et ressort cette année avec une magnifique couverture. Et ce texte est absolument passionnant. Je me suis personnellement complètement immergée dedans, à la manière des biographies et recueils de lettres que j’adorais lire à l’université. Ce qui est intéressant ici, c’est la connaissance biographique justement que le lecteur acquiert très vite de cette merveilleuse famille, qui comprend pour le moins au moins deux soeurs célèbres : Charlotte Brontë (Jane Eyre) et Emily Brontë (Les Hauts de Hurlevent). Emily Brontë est la cinquième d’une fratrie de six enfants, cinq filles et un seul garçon. Elle passa presque toute sa vie dans un presbytère à Haworth, dans le Yorkshire, où son père, Patrick Brontë, était pasteur. Très marqués par de nombreux décès, dont la mère des enfants, et leurs deux soeurs aînées, très jeunes les enfants Brontë s’initient à des jeux d’écriture qui ouvrent leur imagination et leur permettent sans doute de guérir de leur peine. Emily partage donc sa vie entre des balades dans les landes qui entourent le presbytère, la rédaction de sagas avec ses soeurs Charlotte et Anne et son frère Branwell, et des tâches domestiques auxquelles elle se soumet sans se plaindre. Le lecteur comprend très vite aussi quelle personnalité singulière possède Emily, moins sociable que Charlotte, et pleine d’interrogations, de doutes, de révolte et de culpabilité, peu intéressée par le succès. Au cours de ma lecture, j’ai peut-être eu quelques bémols sur la forme du texte, parfois un peu éthérée, et sur la manière de Denise Le Dantec d’entrecouper son récit de dialogues imaginés, qui m’ont quelquefois laissée perplexe. Mais voici sans conteste une très belle manière de faire connaissance avec les soeurs Brontë et leur famille. Je ressors personnellement de cette lecture enchantée d’avoir passé mon week-end en si belle compagnie, d’être un peu retombée avec elle en adolescence et d’avoir assisté grâce à Denise Le Dantec à des scènes familiales d’un autre temps où le désir d’écrire prend tant de place.
Editions de l’Archipel – avril 2018 –
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
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