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Chanson de la ville silencieuse

Publié le 21 mai 2018 par Lorraine De Chezlo
CHANSON DE LA VILLE SILENCIEUSEd'Olivier Adam
Roman - 210 pages
Editions Flammarion - janvier 2018
Parce qu'on lui a montré un cliché qui représente son père, une jeune fille a quitté Paris et erre dans les rues de Lisbonne, à sa recherche. Son père fût un musicien très connu, une rock star qui a voulu fuir les journalistes indiscrets, un homme qui a peu élevé sa fille, un artiste qui a fui la compagnie des hommes et qui a été déclaré mort quelques temps auparavant. Le roman d'Olivier Adam commence ainsi, on se met en route à ses côtés, à la recherche du fantôme d'un père qu'on ne connaît pas, qu'elle aussi connaît mal. Petite, elle n'a pas vécu aux côtés de sa mère qui est partie de l'autre côté de l'Atlantique aux côtés de hippies, elle n'a pas vécu aux côtés de son père, très souvent parti en tournée, très souvent occupé et très entouré d'une quantité d'admirateurs et musiciens en tous genres. Heureusement, des grands-parents de substitution ont constitué sa boussole. Extrait :"Je suis celle qui n'a pas de voisine en classe. Celle qu'on oublie d'inviter aux goûters d'anniversaire. Celle qui ne connaît aucun des noms qu'on prononce autour d'elle, chanteurs, sportifs, stars de télé, héros de dessin animés. Celle que jamais son père pas plus que sa mère ne viennent chercher à l'école. Celle dont les enseignants ne demandent jamais à voir les parents. Celle qu'on choisit en dernier pour constituer une équipe. Je suis celle qui rougit quand on lui adresse la parole. Celle qui n'a pas de père agriculteur, maçon, employé de banque, gérant de supermarché ou de bar-tabac. Celle qui n'a pas de mère vétérinaire, réceptionniste dans un hôtel, comptable, caissière au supermarché. Celle qu'élèvent des grands-parents qui ne sont pas les siens. Celle qui s'endort sur un canapé au milieu du vacarme, des bouteilles vidées, des joints consumés. Celle dont la mère vit de l'autre côté de l'océan. Celle dont le père disparaît plusieurs semaines d'affilée. Celle qui trouve dans son lit une violoniste, un bassiste empestant la cigarette et le whisky. Celle qui voit son père en photo à la une des magazines. Celle qui l'aperçoit à la télévision. Celle qui a la nausée quand en voiture, au supermarché, elle entend sa voix chanter des mots sombres. Je suis celle qui grandit sans souvenirs d'enfance." Cette fille, ou jeune femme, ou femme, déroule un monologue qui l'emmène à travers les quartiers de l'Alfama mais souvent qui la replonge dans ses souvenirs d'enfance. Une voix très discrète, une petite voix comme un murmure qui est le fil rouge de ce roman nostalgique. Et peu à peu, on distingue mieux son passé, et on distingue aussi les contours d'une femme en recherche de liberté et qui va s'affirmer.Une lecture un peu fade à mon goût, mais d'une délicatesse humaniste qui fait du bien. Et toujours évidemment l'ombre du suicide dans les romans d'Olivier Adam.

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